Pédagogie du clavecin: deux partages

Bonsoir à tous et toutes, 

Aujourd'hui je vous présente deux recueils avec des pièces couvrant plusieurs niveaux d'apprentissage du clavecin :

- Le premier, c'est la parution de Marie Demeilliez : Musique française pour le clavecin 1610-1660, aux éditions du CMBV. 

Alors que les manuscrits de pièces de clavecin circulent en Europe dès les années 1620, le premier livre à être édité en France (les deux volumes de Pièces de clavecin de Jacques Champion de Chambonnières) ne l'est qu'en 1670.  Jusque-là, la seule pièce publiée en France est la diminution pour clavier réalisée par Pierre Chabanceau de la Barre sur la chanson "Tu crois, ô beau soleil", de Louis XIII. Cette pièce a d'ailleurs été publiée dans l'Harmonie Universelle de Marin Mersenne, en 1636 (Livre sixième des orgues). 
Après cela, de 1670 à 1707, huit autres  compositeurs vont publier à Paris à compte d’auteur : Chambonnières (1670), Lebègue (1677 et 1687), Jacquet de la Guerre (1687 et 1707), d’Anglebert (1689), Marchand (1699 et 1702), Clérambault (1704), Dandrieu (1704), Le Roux (1705) et Rameau (1706). 

C'est donc cette période de "trou" dans le répertoire français, que Marie Demeilliez a essayé de combler, en puisant dans les airs de cour, les pièces de luth et les danses de ballet, et en effectuant transcriptions et arrangements.  Certaines pièces sont connues, d'autres sont inédites. 

Aux journées de Clavecin-en-France qui ont eu lieu le week -end dernier à Limoges et où nous avons eu la chance d'entendre de très beaux instruments tout frais sortis de l'atelier (la reconstitution du Jean Denis II d'Issoudun de 1648 par Émile Jobin, Julien Bailly et Jean-François Brun, et le muselaar au ton de choeur construit par Julien Bailly pour le Conservatoire de Limoges d'après le Hans Ruckers 1604 conservé à Bruxelles), nous avons pu entendre certaines des pièces de ce recueil joués par des jeunes élèves du conservatoire, et d'autres par la claveciniste Gwennaëlle Albert. Il y a donc matière à jouer, quelque soit son niveau. 

boutique.cmbv.fr/fr/musique-francaise-pour-le-clavecin-1610-1660?v=papier

- Pour l'autre recueil, on change complètement de style. Je suis tombée dessus un peu par hasard, je ne connaissais pas. 
Il s'agit -attention, long titre! : du Cours d'éducation de clavecin ou piano forte seconde partie. Contenant les principes du doigté de clavecin suivis de 50. leçons composées de musettes, menuets, contredanses, allemandes, tambourins, airs de balets et ouvertures d'operas, &c. le tout arrangé d'une difficulté graduelle. Par L. Félix Despreaux (1785)
https://archive.org/details/BSG_4VSUP2089RES/page/n29/mode/1up
(ou sinon sur le site de la BNF)

L'auteur n'est pas très connu, voici quelques éléments biographiques.
Né et mort à Paris (1746-1813). Frère de Jean-Étienne Despréaux, danseur et maître à danser de l’Académie royale de musique (futur Opéra) sous Louis XV et Louis XVI.
Il a travaillé comme compositeur, altiste et claveciniste au Concert spirituel et comme claveciniste à l’Académie royale de musique. Dans le livre intitulé Des gloires de l'opéra et la musique à Paris, une liste de personnels de l’Opéra de Paris de 1771, il est mentionné comme l'un des deux accompagnateurs à la suite du maître de danse. Il a été l'un des premiers professeurs du Conservatoire de Musique.  Il est l’auteur d’une des premières écoles de piano (en cinq volumes) : « Cours d’éducation de clavecin ou pianoforte ».  

Je l'ai feuilleté, il s'agit de pièces courtes:  des compositions sur des airs à la mode, des arrangements d'opéras de Gluck ou Grétry entre autres, des musettes, fanfares et tambourins etc. On est bien sûr dans la période où le clavecin est en train de passer de mode (la décadence, quoi ;-) ) et certaines pièces semblent avoir déjà une écriture vraiment plus de pianoforte, mais enfin, il y a là également de quoi puiser sans avoir un niveau remarquablement avancé. 

Voilà, j'espère avoir attisé votre curiosité! 
Belle fin de semaine, Hélène