Un de mes élèves, qui se reconnaîtra je pense, m’a donné l’idée de cet article.
Le travail sans instrument est un sujet auquel un professeur va se retrouver confronté assez vite. Combien de fois ai-je en effet entendu mes élèves - enfants ou adultes- me dire au début du cours avec plus ou moins de contrition : « Je n’ai pas pu travailler, je n’avais pas d’instrument pour le faire » ? (Notons que certains ne disent rien, en espérant que je ne m’en rende pas compte. Haha, bien essayé, mais…raté !) Week-ends chez les grands-parents, vacances au soleil, déplacements professionnels, maisons de campagne pas équipées, je vous déteste, vous êtes ma plaie, mon fléau, mon choléra ! Blague à part, on le sait bien quand même que nos élèves n’emporteront pas en vacances de clavecin pliable et que la SNCF n’en a pas encore mis à disposition dans les compartiments ou en gare (encore que ce serait une riche idée, au cas où – hypothèse hautement improbable, n’est-ce pas, il y aurait une petite grève et que les voyageurs auraient besoin de tuer le temps baroquement). Alors que faire? Peut-être que le mieux serait de donner aux élèves des moyens de travailler quand même, non ? Il est évident que le toucher et la qualité de son ne peuvent pas être des objectifs de travail dans ce cas, mais par contre, la fluidité de lecture, la précision rythmique, la conscience des voix, le développement de l’oreille, oui ! Quelques conseils : L’idéal : Se dessiner/découper un clavier en papier/carton souple aux dimensions réelles. Avoir un diapason sous la main. Ne rigolez pas, un de mes élèves a testé et c’est efficace. Pour le répertoire solo, on peut travailler les déplacements, les empreintes, vérifier ses doigtés etc. et pour la basse continue, travailler sa réalisation en chantant (le diapason sert à trouver sa note) la partie instrumentale/vocale que l’on accompagne, très bon exercice pour ceux qui ont tendance à prendre leurs aises avec le rythme ! Avec un ordinateur et une connexion internet, vous pouvez écouter le morceau s’il en existe un enregistrement et vous entraîner à jouer (virtuellement) en même temps, à chanter les différentes voix, à en frapper le rythme. Evidemment, l’intérêt de ce travail dépend du type de morceau, il faut mieux qu’il s’agisse d’une gavotte que d’un prélude non mesuré… Le travail à la table avec diapason présente les mêmes possibilités, mais nécessite une oreille affinée. A faire dans un environnement calme ! Apparemment (il faudrait un kiné ou un neurologue dans la salle pour nous en dire plus), quand l’on se concentre beaucoup et que l’on cherche à ressentir des sensations de toucher, à visualiser mentalement ses déplacements, ses gestes, il se crée dans le corps une mémoire physique très profonde, ce qui fait que quand on retourne à l’instrument, on a l’impression un peu étrange d’avoir déjà joué le morceau pour de vrai. Quand je passe un examen, que je fais un concert et que l’instrument de chauffe n’est pas celui sur lequel je vais jouer après, je préfère vraiment travailler comme cela plutôt que me mettre dans les doigts et dans les oreilles des sensations que je ne retrouverai pas au moment fatidique. A tester ! Apprendre par cœur : ce peut être l’occasion de travailler d’autres types de mémorisation que celui qui consiste à répéter le morceau jusqu’à l’avoir « dans les doigts »: - par la lecture et le chant intérieur - par l’écriture. A l’instar de certains acteurs qui écrivent leur texte, on peut apprendre un morceau en le recopiant une ou plusieurs fois. Pour les enfants, cela donne l’occasion de se familiariser avec la notation musicale et d’en maîtriser la graphie (ce ne doit pas être si rébarbatif que cela, puisqu’une de mes élèves a le syndrome de l’ « écriturite aigue », elle me dessine des clefs de sol et de fa et tous les rythmes qu’elle connaît partout sur ses partitions !). Faire ses réalisations de basse continue : Allez, on ouvre son beau cahier de portées ou son ordinateur et on écrit sa règle de l’octave (spéciale dédicace à l’inspirateur de l’article ;-) ), la réalisation du morceau en cours (avec différentes possibilités), ce sera toujours ça de gagné ! Analyser son morceau Toujours grâce à l’écoute intérieure, « scanner » le morceau pour en dégager la structure, entourer les moments clefs (modulations, surprises, nouvelles idées), en définir le ou les caractères, noter les articulations, les respirations, le rubato etc. Voilà, ce ne sont que quelques idées, il y en a sûrement plein d’autres! Peut-être que grâce à celles-ci, où qu'ils aient été, quoiqu'ils aient fait, mes élèves arriveront toujours au retour de vacances en disant " Tu vas être contente, Hélène, j'ai bien travaillé..."? Je sais ce que vous pensez, mais comme dirait Christiane Singer : « Quelqu’un qui ne laisse pas la réalité déranger ses rêves est un sage. » Na.
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Et voilà, l'année 2013 est passée!
Une nouvelle année commence qui j'espère vous apportera beaucoup de joie, d'épanouissement musical et personnel! Profitons en ces temps de crise de ce plaisir inépuisable que nous apporte la musique, la musique que l'on savoure seul ou que l'on partage en famille et entre amis.... Profitons d'avoir la santé et de pouvoir sortir, voyager, découvrir de nouvelles choses, se perfectionner, apprendre... Que cette année soit belle et fructueuse! Petit message personnel à une autre Hélène (initiales H.D.I): j'ai bien vu votre commentaire, mais il me manque votre adresse mail pour vous envoyer le document ;-) |
A proposParce que j'ai toujours aimé écrire. Et partager ma passion de la musique..... Categories
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