Hélène Diot, claveciniste
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Les Bases de la basse continue : première vidéo

12/1/2017

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Et voilà, chose promise, chose faite! Voici la quatrième vidéo pédagogique et cette fois-ci le sujet est la basse continue, avec l'apprentissage de l'accord parfait!

Je suis contente de moi, j'ai mis moins de 10 jours à la sortir depuis que je l'ai annoncée :-) 
Cela peut paraître long, mais il faut savoir que chaque vidéo, même de 15 petites minutes, me demande à peu près 1h de tournage et une bonne dizaine d'heures de montage, avec mes petits moyens techniques....

Alors, j'espère que vous apprendrez des choses et que ce sera suffisamment clairement expliqué!

A bientôt!
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La basse continue

11/3/2017

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Bonjour à tous et à toutes,

Voici le sujet du mois de novembre : la Basse continue.
Les lecteurs et lectrices les plus assidus de ce blog se souviendront peut-être que le 3 janvier 2011, il y a donc une éternité, j'avais déjà écrit un article à ce sujet.

Aujourd'hui et en complément de cet article, je vous propose deux vidéos à écouter sur le sujet. Elles se recoupent parfois mais la façon de présenter les choses et les exemples sont différents. 
Ci-dessus, Elisabeth Joyé, ci-dessous, Marie Van Rhijn.
Je vous propose de faire quelques vidéos pour apprendre à réaliser des accords sur une basse.
On commencera par l'accord parfait, qui est soit chiffré 5, soit non chiffré dans les partitions, étant un accord très basique.

Bonne écoute et à très vite!

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Un clavicorde en balade

7/13/2017

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Bonjour à tous et toutes,

J'espère que vous passez un bel été et n'êtes pas accablés par la chaleur.
Aujourd'hui, je vais vous raconter mes débuts de bricoleuse.

Je ne sais pas si vous vous souvenez, mais j'avais acheté d'occasion un grand clavicorde 5 octaves basé sur un modèle Friederici.
J'en avais profité pour vous présenter cet instrument encore rare...
J'étais alors très contente de mon achat, mais dans la pratique il s'est avéré que j'avais des petits soucis. D'une, pour en jouer (au-delà du fait qu'il s'agit d'un instrument différent du clavecin en termes techniques, je n'étais parfois pas très confortable, notamment dans les aigus, où j'avais l'impression de ne pouvoir obtenir un volume sonore satisfaisant qu'en sacrifiant totalement la justesse), de deux pour l'accorder. En gros, j'y passais beaucoup de temps, je finissais avec un mal de dos pas possible (1,70 environ d'envergure entre la touche la plus grave et sa cheville) et ce n'était pas juste. Sans compter qu'une corde a fini par casser et que je ne savais pas comment la remplacer (les cordes sont insérées dans un tressage de feutre).
J'en étais arrivée au point où je pensais le revendre et en acheter un plus petit avec une corde par note, non lié, simple, léger et pas casse-pieds.

Mais...
En janvier, j'ai organisé des journées clavicorde/pianoforte et j'avais invité pour la partie clavicorde la factrice Renée Geoffrion.
Vous vous doutez bien que mon clavicorde étant sur place, j'en ai profité pour demander une petite expertise, gentiment acceptée.
Renée teste, remplace la corde, observe: verdict, c'est un bon instrument voire un très bon mais il aurait besoin d'un gros réglage!
Deux solutions s'offrent alors à moi, soit je lui remets directement, elle s'en occupe et me le ramène quand elle est de passage dans la région, soit je l'amène dans son atelier et je m'occupe des réglages sous sa direction.
Devinez laquelle j'ai choisie? :-)

Nous voilà donc en juillet: direction la région de Limoges avec le biniou dans la voiture, pour 6 jours de révision intensive.
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Comme vous le voyez, le séjour s'est passé dans un mignon petit village, avec des maisons à colombages, torchis et pierres apparentes. Seul hic pour les musiciens, les escaliers! Etroits et surtout très raides, une vraie galère pour monter des instruments lourds (heureusement que les palans existent!)

1er jour:
Arrivée 16h, petit thé de bienvenue avec gâteau au chocolat et sorbet au sureau (miam).
A 18h: on commence après avoir installé le clavicorde sur une table.

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Etape d'observation:
- On établit un plan de cordage (longueur de certaines cordes et diamètres de toutes) à l'aide d'un micromètre Palmer.

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Les relevés montrent que dans la zone medium, les diamètres ne sont pas logiques (le sib est d'un diamètre plus petit que le si alors que la corde est plus longue). En comparant avec les diamètres des cordes de ses propres instruments, Renée note que l'instrument est à plusieurs endroits encordé avec des diamètres trop faibles. Il y aura donc des changements de cordes à prévoir dans tout le medium et également dans les basses. La dernière dixième dans l'aigu ne changera pas.

- Ensuite, à l'aide d'un réglet en fer, nous regardons la distance entre tangente et corde.
Ce qu'on appelle tangente est cette tige de métal que vous voyez ci-dessous au bout de la touche. c'est elle qui vient frapper par en-dessous la corde pour la mettre en vibration.
Photo
Si vous devinez sur quoi j'ai posé cette touche, vous êtes très forts.....
Là encore, c'est un peu l'anarchie : un coup 3mm, un coup 4, 5 voire 6mm. Ce sera un bon 5mm pour les aigus et un petit 5mm pour les graves. Il faudra donc manier le marteau....

- Enfin, le toucher n'est pas très agréable car il y a trop de marge après l'attaque de la corde (la touche pouvant descendre plus bas qu'il ne le faudrait, le son fait une sorte de boooing et la justesse en est altérée). il faudra donc installer un "stoppeur" sur le début des cordes, au niveau du tressage rouge. Ce stoppeur sera fabriqué sur mesure pour l'instrument.

Voilà, il est déjà 21h30, repas, dodo....

2e jour :

Lever 8h, arrivée dans l'atelier 9h.
C'est parti pour les Changements de corde.

Pour cela il faut :
1) Faire des bouclettes!
Révision technique obligée : elle doivent comporter 6 spires avec les cordes qui s'enroulent bien régulièrement - et pas une qui fait le boulot et l'autre qui se repose- ce qui demande d'avoir une tension égale entre les deux bouts. On finit par 3 petits tortillons bien serrés qui éviteront que la bouclette se déboucle au premier accord.
Bon, soyons honnêtes, il y a eu des ratés, pas mal de ratés, et certaines que je jugeais correctes se sont un peu débouclées au fur et à mesure des accords (vive la superglu placée délicatement le long de la bouclette!)
2) Détendre la corde à remplacer, faire un hameçon avec l'extrémité de la nouvelle corde, le passer dans la bouclette de l'ancienne et tirer vers la droite de manière à ce que la nouvelle corde passe tranquillement à travers le tressage (malin, car si on enlève juste l'ancienne corde, on galère après pour faire passer la nouvelle!)
3) Accrocher la bouclette, couper la longueur voulue (laisser dépasser la longueur d'une main -du bout des doigts jusqu'à l'emplacement de la montre- derrière la cheville)
4) retirer la cheville en la dévissant avec une clef d'accord, mettre un petit bout de papier -carte de visite, c'est bien- pour remplir le trou qui a pu être agrandi pendant l'opération
5) Enrouler la corde autour de la cheville (sans trous la cheville: plier un bout de 1,5/2 cm, placer la cheville tête à droite dans le creux de ce pli, faire un premier tour en ayant soin de faire croiser la corde tendue et le bout replié, continuer les tours en les serrant bien, arrivée à un tour ou deux du trou de la cheville, replier le petit bout vers la droite et finir. Placer la cheville en gardant toujours la tension de corde, l'enfoncer avec un marteau, retirer ce qu'il reste du petit bout. Accorder.

Cela m'a pris la matinée et un bout de la soirée pour changer l'équivalent d'une octave (il ne faut pas oublier que pour une note, sur un clavicorde, il y a deux notes à changer, donc cela représente 24 cordes).
Sur la photo ci-dessous on voit les débuts du changement: les nouvelles cordes sont les plus dorées (elles sont en laiton). On peut observer que certains enroulements de cheville sont mieux faits que d'autres, par exemple pour les deux qui sont placées autour du D#, celle de gauche est un peu trop lâche tandis que la droite est très bien).

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M'enfin, cela marche quand même...
Voici le matériel utilisé pour tout cela : crochet, pince coupante, scotch pour mettre autour du doigt et éviter frictions et coupures, lame pour couper des petits bouts de carte de visite, rouleau de corde, marteau et pince pour récupérer les bouts en trop. Le réglet est l'intrus, il m'a servi plus tard, pour calculer l'écart nécessaire entre tangentes et cordes.

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3e jour:

Aujourd'hui, je finis tous les changements de cordes que je peux faire seule. Au final, on aura remplacé presque 40 cordes et monté une partie des diamètres 34 initiaux en 38 et 36, une partie des diamètres 30 en 34 et 32.
Cela sonne déjà mieux.

On passe donc à la fabrication du stoppeur :
Renée prend les mesures, choisit un beau morceau de chêne et le découpe. Je l'aide ensuite à le passer dans la raboteuse et la scie pour qu'il ait l'épaisseur et la forme voulue.
Le voici à ce moment là:

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Ensuite, à l'aide d'une cale à poncer, je rabote les angles qui ne font pas très joli et j'obtiens un bel arrondi. Je ponce le bois au papier 180 puis au 220 pour obtenir un bois lisse et doux au toucher.
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Ensuite, nous faisons sur des restes de bois que j'ai préparé de la même façon des essais de vernis. Il faut se rapprocher au maximum de la couleur du clavicorde. Nous optons donc pour un vernis assez clair auquel nous rajoutons un peu de teinture orangée. Après séchage, je passe le bois au papier 400 pour enlever les dernières imperfections. Puis cirage (cire transparente), séchage 3 heures et on fait briller avec un bout de pull en laine (toujours recycler ses vieux pulls!). et voilà le travail !
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Nous avons également fait ce qu'on appelle un contre-pointage.
Les cordes passe, entre les bouclettes et la cheville, par un chevalet dans lequel sont enfoncées des pointes appelées sillet. Il est bien qu'elles fassent un très léger angle à cet endroit, ce qui n'était pas le cas sur mon instrument, à l'exception des cordes aigues. Le contre-pointage, c'est-à-dire l'insertion d'autres sillets en sens inverse des premiers a permis de créer cet angle.

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Ci-dessus les premières insertions, ci-dessous le contre-pointage fini (nous avons passé une rasette pour égaliser les hauteurs, en faisant bien attention de ne pas toucher les cordes car elles n'y résisteraient absolument pas....).
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4e jour :

Il est temps de s'attaquer au problème des tangentes. Pour cela, je dois les enfoncer au marteau. Il faut bien sûr tout d'abord retirer les touches ce qui n'est pas si simple : d'abord, les soulever de leur pointe en faisant attention aux cordes, les tirer un peu vers soi, les faire basculer et les ramener. L'important est de ne pas forcer sur les cordes.
Ensuite, je mettais une marque pour indiquer jusqu'où elle devait s'enfoncer. Et bim, coup de marteau et....ben, rien, voilà la première tangente qui n'a pas bougé d'un poil. Je retente, boum, pliée. Ach, mensch! Je la redresse avec les doigts, je la maintiens bien, ca y est elle est rentrée. La suivante ne pose aucun souci, pour celle d'après je suis obligée de la limer car elle est vraiment récalcitrante, j'emploie pour cela une grosse lime, puis une moyenne puis une petite et je finis par poncer au 400 pour que ce soit lisse. Allez, plus que 58.....Ce n'est pas mon travail préféré, mais le résultat est là, avec une course suffisante avant l'attque, je peux avoir plus de puissance sonore.

Nous avons fait également un test avec un autre type de tangente (plaqué or), mais cela n'a pas été probant au niveau de la qualité de timbre. Par contre, cela aurait pu être joli, non?

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Pendant que je faisais cela, Renée s'occupait de fabriquer des cordes filées grâce à un appareil qu'elle a conçu elle-même (oui, c'est la MacGyver du clavicorde!).
Alors, les cordes filées sont des cordes de laiton sur lesquelles on enroule une autre corde (ici en cuivre). Une opération délicate car il faut que l'enroulement soit d'une régularité exemplaire et adhère bien à la première corde.
On utilise les cordes filées pour les basses, cela donne un meilleur son et une plus grande projection.

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Nous avons fait la première quinte grave en cordes filées, donc de FA à DO.

Enfin, le soir, j'ai nettoyé et ciré mon clavicorde, les deux en même temps puisque j'ai mis le cirage transparent sur de la laine d'acier. Il est tout beau, et il brillera encore plus le lendemain après frottage énergique, comme vous pouvez le voir ici:

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5e jour:

Renée finit ses cordes filées.
Pendant ce temps, je m'occupe d'enlever le tressage blanc car il n'était pas de super qualité et surtout que cela faisait moche d'avoir deux couleurs. Je fais cela grâce à une touillette à café en bois, taillée en biseau (recyclage toujours!), en faisant attention aux cordes.

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Je fais le nouveau tressage, 2 cordes par dessus, 2 cordes par dessous, encore un coup, petit retournement pour partir dans l'autre sens, quand j'arrive proche des bouclettes, je divise ma largeur de tressage en 2 pour pouvoir faire plus d'allers-retours, et voilà le travail:
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Je colle aussi une bande de feutre rouge sur la moitié du dessous de mon stoppeur, en laissant dépasser de 2 mm environ.
Le voilà installé, reste à le fixer par deux pointes à gauche et un joli crochet à droite.

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Reste à nettoyer le clavier qui est loiiiiin d'être très propre, comme le montre l'avant-après ci-dessous. Je fais cela tout simplement avec de l'eau claire, un chiffon propre et de l'huile de coude.
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Puis, nettoyage du reste du clavicorde pour enlever limaille, poussière et poussière de bois.
Nous avions pris la peine de protéger la rosace, cela aurait été dommage que tout tombe dedans.

Et enfin, un bon accord et quelques essais de morceaux, pas de doute cela sonne mieux.
Voilà la "bête" dans son nouvel état. Maintenant, il faudrait que vous l'entendiez, cela pourrait venir, j'ai bien l'intention de m'y atteler mais il y a un hic: c'est une immense galère de prendre le son d'un clavicorde!

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Bilan des courses : non seulement j'ai eu un super accueil de la part de Renée et son mari (encore un grand merci), mais en plus je me suis bien amusée, je n'ai pas vu les quelques 9-10h de travail par jour passer, j'ai appris plein de trucs (je repars avec du matériel pour pouvoir faire des réglages et dépannages) et en plus, j'ai un instrument bonifié : que demande le peuple?
A vrai dire, cela m'a tellement plu, que j'aimerais bien trouver maintenant un facteur de clavecin qui accepterait que je passe une semaine en atelier à observer une révision intégrale de clavecin (construction cela m'intéresserait aussi, mais secondairement, je préfère voir quelles sont les pistes possibles en cas de problème -répétition, touches qui ne remontent pas, fentes, réglage des jeux etc.- sur un clavecin et comment résoudre ces problèmes). Avis, si un facteur me lit.....


J'espère que ce petit compte-rendu vous aura plu et que vous aurez également appris des choses. Bon 14 juillet demain, et à très vite!
PS: j'ai pris une photo de tout le matériel utilisé pendant ces quelques jours, cela en fait du monde, non?

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Récit de voyage: Londres

4/24/2017

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Hello everybody! Bonjour à tous et toutes!

Me voici de retour de mes vacances, dans les starting-blocks pour le dernier trimestre scolaire!
J'ai profité de ces quelques jours pour partir à Londres qui, une fois n'est pas coutume, m'a accueillie avec un grand soleil et non le smog qui l'a rendue célèbre.. Les jardins y sont toujours aussi agréables, notamment Regent's park, et j'ai pu déambuler au milieu de magnifiques parterres de tulipes, roses, magnolias et camélias.
Evidemment, j'ai visité quelques musées: le Tate Britain et le Wallace Museum, riches en oeuvres de Turner, Rembrandt, Constable et bien d'autres.

Mais l'objet principal de ma visite était un musée sûrement moins connu de vous, le Horniman Museum and Gardens, situé près de Forest Hill. Un musée pas très facile d'accès (compter plus d'une heure du centre) mais intéressant. Outre une Salle des robots-animaux et une salle consacrée à la taxidermie avec entre autres une momie de crocodile et un morse géant (autant vous dire que la proportion d'enfants au mètre carré frôlait le 75% ), il y a là un musée des instruments.
N'allez pas vous imaginer la Cité de la musique, il n'y a qu'une salle, mais dans cette salle il y a un clavecin Kirkman de 1772 en état de jeu.
J'ai eu la chance de pouvoir avoir une présentation de cet instrument par l'adorable conservatrice du musée Mimi Waitzman, puis de le jouer pour une petite compétition (dont j'ai été lauréate, au passage).

Voici un modèle très proche de celui du Musée (la faible luminosité m'a découragée de prendre une photo):

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Vous remarquerez  l'extrême simplicité de la décoration du clavecin!

Commençons par son facteur, Jacob Kirkman.
Natif d'Alsace, il s'installe à Londres dans les années 1730 et épouse la veuve de celui qui l'a formé, le flamand Hermann Tabel. Associé avec son neveu Abraham, il devient un des facteurs de clavecin les plus en vogue, l'autre apprenti de Tabel, Shudi, étant son concurrent le plus sérieux.  Les anglais raffolent de ses instruments solides au son très riche, comme le rapporte Charles Burney. Il produit quasiment en série, avec trois modèles différents : un à un claviers et deux 8', un à un clavier, deux 8' et un 4' et enfin un à deux claviers, deux 8' et un 4' (celui-là que j'ai joué).

Ses instruments sont basés sur le modèle Ruckers et en conservent l'étendue de presque 5 octaves G-F (avec le sol# grave). Néanmoins ils présentent certaines spécificités, comme le montre le modèle de 1772:

-Il a 5 jeux différents, actionnés par des manettes disposées au dessus des claviers (3 à gauche, 2 à droite): deux 8', un 4', un "buffle stop" ( l'équivalent de notre jeu de luth) et un "lute stop" (qui produit un son très nasal)

-Les claviers sont en "dogleg": c'est-à-dire qu'une rangée de sautereaux est crantée, et que ces derniers peuvent être soulevés, soit par la touche inférieure, soit par la touche supérieure. Donc on peut avec le son du  8' principal soit sur le clavier du bas, soit sur celui du haut, ou sinon deux 8' en bas et le son du deuxième 8' en haut, mais on ne peut pas avoir indépendamment le son du 8' principal en bas et celui du deuxième 8' en haut.

-Il a également ce qu'on appelle un "machine stop": on doit enclencher les deux 8' et le 4' avec les manettes, puis pousser vers le fond une autre manette située sur notre gauche et ensuite ne surtout plus toucher aux manettes des jeux!
Là, on utilisera la pédale gauche. Quand elle est en haut : le clavier du bas fait entendre les deux 8' et le 4' ensemble, et le clavier du haut le 8' principal tout seul. Quand elle est en bas, on a le 8' principal sur le clavier du bas et le clavier du haut fait entendre le lute stop tout seul. Le buffle stop est le seul jeu indépendant, on peut le mettre ou non.

- Et enfin le Nag's head swell, actionné par la pédale de droite. il faut fermer le couvercle, qui est en deux parties. la plus grande ne bouge pas, l'autre peut se relever sur le côté quand on appuie sur la pédale.
C'est lourd et il faut bien faire attention à ne pas laisser retomber brusquement le couvercle, mais cela permet de faire des nuances et même des nuances progressives, à condition d'être habile de ses pieds (ce qui n'est pas mon cas pour l'instant ;-) ) !

De par ses spécificités, l'on comprend bien deux choses : d'une part, les anglais recherchaient des contrastes très prononcés et des couleurs sonores très distinctes, les petites nuances qui peuvent exister entre un huit pieds inférieur ou supérieur sur nos instruments ne les intéressaient pas. D'autre part, on voit une recherche de nuances qui correspond bien à l'esthétique de cette fin de XVIIIe siècle et annonce les futurs pianoforte.

Parlons du toucher et du son : un Kirkman est très différent des clavecins français ou italiens!
Les touches ont beaucoup d'inertie et le temps de retour des sautereaux est  long, ce qui fait qu'il faut être très vigilant sur les répétitions de notes et les ornements (si l'on ne relève pas assez les doigts, ils ne sortent pas). Il faut savoir aussi que la mécanique n'est pas toujours parfaite, parfois monsieur fait son capricieux :-)
Je dirais qu'il réagit beaucoup plus aux variations de poids qu'aux variations de vitesse, si l'on met trop d'attaque, on n'obtient pas plus de son mais par contre le résultat sonne sec et brusque.
C'est un instrument capable de chanter sans avoir le moelleux d'un français, mais qui a également de la diction et un brillant naturel dû à ses harmoniques très riches. Il a également une belle résonance.
J'ai du mal à me faire au son du lute stop, car je n'y suis pas habituée, mais la couleur est originale, et je trouve jolie la combinaison possible sur le clavier supérieur du lute stop et du buffle stop.
Enfin, les nombreuses possibilités de registration et les pédales sont très intéressantes pour la musique de la fin du XVIIIe siècle, cela me donne bien envie d'y retourner pour quelques heures de répétition.

Voilà, donc si jamais vous passez par Londres, je vous conseille d'aller y jeter un oeil, non sans avoir auparavant consulté la saison de concerts/d'événements, car le voir fermé serait un peu dommage!




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Le corps a ses raisons que la raison devrait connaître....  

4/12/2017

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Bonjour à tous, 

Le dernier post datait des frimas des l'hiver, il était temps de fêter le printemps avec un nouveau sujet! 

Comme toujours, les derniers mois ont été denses: de beaux projets dans mon conservatoire (dont quelques merveilleuses journées passées avec 3 pianofortes et 3 clavicordes et un opéra monté avec les élèves), quelques concerts (non sans rebondissements en ce qui concerne l'un d'entre eux: problème de clavecin, violoniste blessée et remplacée 6 jours avant!), beaucouuuuup d'heures de cours....

Comme on me le faisait remarquer encore tout récemment,  je suis une fausse calme. A l'extérieur d'humeur égale, à l'intérieur une vraie cocotte-minute. Et une perfectionniste donc je prends les choses à coeur, qu'il s'agisse d'éplucher les légumes, de faire venir des conférenciers ou de jouer une fugue de Bach, ce qui devrait cependant être un peu hiérarchisé dans ma petite tête. 
Cela n'a pas loupé, entre le stress, la fatigue, les heures de travail, les voyages et les déplacements de clavecin, à la rentrée des dernières vacances, mon corps a dit "stop".
Je me suis mise à avoir mal au bras droit.
Mais vraiment mal, au point de serrer les dents pour aligner trois notes, renoncer à couper le pain, écrire de la main gauche et ne pas pouvoir lever le bras plus haut que la poitrine.

Quand on est musicien, on s'interroge: tendinite? Déchirure? Syndrome du canal carpien? Mais quand vais-je pouvoir jouer? Mon dieu, et mon concert qui arrive bientôt et moi qui ne peux pas répéter!! Et si ca dure, et si... ?
Bref, panique à bord!

Première chose que j'ai faite: sortir l'artillerie de mamie:  arnica, compresse de froid, bouillotte, crème pour les contractures, cataplasme d'argile. Du mieux en quelques jours, mais 75% de satisfaction seulement.

Deuxième chose: utiliser au minimum ma main droite et travailler mentalement les morceaux. Bof, j'ai l'impression que la main est encore plus lente quand je la réutilise et il me manque quand même la sensation rassurante du clavier. Je préfère l'utiliser régulièrement mais avec beaucoup de précautions.

Troisième chose: chercher un médecin. On m'a conseillé un kinésithérapeute et une ostéopathe, j'ai choisi le kiné ( mais pense aussi prendre rdv avec l'ostheo).

Verdict: ce n'est pas une tendinite (ouf) ni un syndrome du canal carpien (re-ouf) et ce n'est pas super grave (re-re-ouf).
Par contre vous avez des tensions musculaires énormes du pouce jusqu'aux épaules. (Ah? Ben oui, par exemple si j'appuie là....Aiiiiiiie, d'accord je vous crois, pitié.) --> résumé un peu exagéré, en vrai suis pas aussi chochotte.
Et vous avez un déséquilibre entre les muscles extenseurs (moins utilisés) et les muscles fléchisseurs de l'avant-bras donc vous compensez mais qui vous gène.

Et là, on se remémore:
Toutes les fois où on a travaillé sans s'échauffer parce qu'on avait que 30' entre 2 cours et mince il y avait l'accord à faire (pourquoi j'ai pas un clavecin électronique??ah,oui, parce que j'aime pas), donc bref, 15' alors j'avais pas le temps!
Celles où on ne s'est pas étiré alors qu'on avait mal partout (non, mamie moi c'est pas l'arthrose, c'est la musique)
Celles où on a porté à froid et vite parce que ca urgeait un clavecin de 50 kilos, une ou plusieurs fois dans la journée
Celles où on était bien fatiguée à minuit passé mais qu'il y avait encore 30 mails à faire alors on s'écroulait sur le lit et on écrivait sur sa tablette dans une position pas du tout ergonomique.
Bref, toutes les bêtises qu'on sait qu'il ne faut pas faire et qu'on fait quand même.

Donc mes chers amis musiciens, quand on travaille intensément :
-On perd quelques minutes en échauffement et étirement quoi qu'il arrive.
-On s'hydrate bien
-On prend des petites pauses
-On évite de porter des choses lourdes quand on est fatigué.
-On demande à la famille/à chéri/chérie un massage ou on s'auto-masse les mains/bras/épaules.
- On marche/on va à la piscine/on fait du vélo pour compenser le travail du haut du corps
- On ne fait pas un combo ordinateur/clavecin pendant des heures. 

Vous le savez sûrement déjà, mais peut-être que comme moi, vous l'oubliez dans l'urgence. Erreur.
​
Ensuite, je voulais partager avec vous des petits exercices d'étirements qui m'ont été proposés (à faire assis ou debout) et qui peuvent vous être utile.
Vous choisissez le nombre de répétitions, le mieux est de les faire en série. Les zones travaillées ont été définies beaucoup plus scientifiquement par le kiné, moi je simplifie un peu avec des mots que tout le monde connaît. 
Chaque lettre correspond à un exercice en soi. Ne pas verrouiller les genoux pendant les exercices si on est debout.

1) Les doigts
a. On ferme les poings et on ouvre en étirant le plus possible les doigts (lentement et sans forcer). 
b. Paumes ouvertes vers le haut, doigts joints, on ouvre ces derniers en évental puis on les joint à nouveau.

2) Les poignets
a. Bras légèrement pliés et placés dans l'alignement des épaules, paumes vers le sol, on plie les poignets vers le bas (paumes vers soi) puis en sens inverse (paumes vers l'avant)
b. Rotation des poignets dans les 2 sens, main ouverte/poings fermés 

3) Les avant-bras/coudes
a. Bras tendus sans bloquer les coudes, mains parallèles au sol, on fait une rotation de la main vers l'intérieur (=pouces vers le bas, paumes vers l'extérieur)  puis vers  l'extérieur = pouces vers l'extérieur, paumes vers le ciel)
b.On tend les bras derrière soi avec les mains renversées vers l'arrière (comme si on voulait poser ses paumes sur une table derrière nous) puis on ramène les avant-bras devant nous en pliant les coudes et on vient toucher ses épaules avec ses mains.

4) Les épaules
a. Mouvement du rameur (bras tendus devant, on les plie vers l'intérieur, on les ramène vers soi et on tire les coudes vers l'arrière, le tout en un seul mouvement fluide)
b.
On lève les épaules à l'inspiration, on les détend, on les abaisse (sans les mettre en arrière!), on les détend etc.
c.
On amène les épaules vers l'avant et l'intérieur, on détend, on les amène vers l'arrière, on détend etc.
d. Petits cercles des épaules vers l'avant et vers l'arrière.

Voilà.
Pour l'instant, je joue, j'ai peu de douleurs mais je sens que ma main fatigue plus vite et que certaines difficultés techniques sont accentuées par des crispations. A surveiller donc. 
Si je récupère d'autres exercices et que cela vous intéresse, je partagerai.

A bientôt!

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Bonne année!!

1/1/2017

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Voili Voilà,  nous y sommes, en 2017, 6e année de ce blog!!!

Que vous souhaiter? Les classiques: santé, bonheur, prospérité? Une actualité sans violences, un monde plus généreux? Des liens forts avec ceux que vous aimez. Et L'art, sans lequel l'homme ne serait pas l'homme mais la bête, continuant à prospérer dans notre société.

Vu que le 1er janvier est un commencement, voici un petit cadeau homemade, un prélude. Bonne écoute!

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Clavecin d'un jour, clavecin toujours

12/30/2016

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J'espère avoir réussi à montrer au fil de ce blog que le clavecin n'est pas ce vieil instrument poussiéreux tout droit sorti du grenier de mamie et dont il faudrait jouer accompagné de la panoplie bougies-perruque poudrée, mais que c'est un instrument qui a sa place aujourd'hui et qu'il y a une génération de jeunes clavecinistes fringants et résolument modernes qui en jouent.
J'ai passé l'âge d'ailleurs de prétendre que je jouais du piano, comme je l'ai fait jusqu'à mes 18 ans pour éviter d'avoir à expliquer ce que c'était ou de subir les réflexions du type "ah le vieux piano?" ou "Mais comment tu en es venue au clavecin, c'est quand même pas commun! ".
Maintenant j'assume et au final le regard des gens est généralement plutôt positif. Est-ce lié ou est-ce justement le travail de vulgarisation mené par les clavecinistes durant les 50 dernières années qui porte ses fruits ? Je ne saurais dire...

Bref, on n'est pas là pour parler de moi: je suis sûre que beaucoup d'entre vous ne connaissent pas encore toute la diversité des styles dans lesquels le clavecin a été employé aux XXe et XXie siècles. Moi-même j'en découvre encore! Alors attention, entendons-nous bien, il ne s'agit pas toujours de clavecin comme on le voit plus fréquemment aujourd'hui, à savoir une copie d'ancien, il y a des clavecins modernes avec ou sans pédales et même des sons synthétisés. Mais on peut imaginer souvent arranger ces versions pour clavecin copie d'ancien. 

Il y a un site que j'aime bien, www.martial-morand-clavecin.fr où l'on trouve dans un article intitulé "Jazz, pop, rock" quelques exemples. Quand je mets MM entre parenthèses, c'est aux exemples de son site que je vous renvoie. 

Alors allons-y:

Le JAZZ/RAGTIME : Don Angle ( Harpsichord magic, sur youtube),  Rosemary Clooney (MM), le Baroque jazz trio (Zoma, sur youtube)

La CHANSON FRANÇAISE: Charles Trénet (Les enfants s'ennuient le dimanche, MM), Edith Piaf (Johnny, tu n'es pas un ange, MM), Sylvie Vartan (Ballade pour un sourire, MM), Polnareff (L'amour avec toi, MM), Brigitte Bardot (Je reviens toujours vers toi, MM)

La musique POP/ROCK : La liste est très longue!! Beatles, Rolling stones, Deep purple, the Beach Boys, et tant d'autres! Voir une proposition de liste sur le site rock6070.com , post CLAVECIN de leur forum.
Plus récents:
Jamiroquai, King for a day 1997 (MM)
Bjork ,Unravel , Venus as a boy (sur youtube)
Emilie Autumn, Girls just want have fun (sur youtube)
Riders on the Storm and Spanish caravan-the Doors covers (youtube)
Julie Holter, Feel you 2015 (MM)
​

La MUSIQUE CELTIQUE: Suite vannetaise de Yves Ribis ou Arrangements de gigues écossaises d'Alan Stivell, interprétés par Claude Nadeau (youtube)

Le TANGO : "Tango Pedestre" ou  "Milonga de Junio" pour guitare et clavecin -Maximo Diego Pujol (youtube)
Milonga de Cardoso, duo Polycordes (youtube).

Le FLAMENCO: Disque "Flamenco Barrocco" par Marc Loopuyt, Catherine Latzarus et Laura Clemente (disponible sur spotify)

La musique d'inspiration ORIENTALE: Jasmin Toccata par Keyvan Chemirani, Jean Rondeau, Thomas Dunford.

Et un petit ovni que je ne peux classer: le groupe Supersonus avec clavecin, nyckelharpa, chant diphonique, kannel et jew's harp! Ritus sur youtube.

Bon, voilà pour le moment de quoi diversifier vos playlists, bonne écoute!!


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L'Art...et la Méthode

12/13/2016

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Petite réflexion du jour sur le travail à la maison chez les apprentis clavecinistes....
 
Quand on est enseignant, on se rend vite compte que le travail à la maison revêt une importance capitale pour les progrès de l’élève. La qualité de la pédagogie, les conseils donnés, le choix des morceaux et des exercices techniques sont évidemment importants, mais si dans l’intervalle entre les cours, les choses ne sont pas faites comme il faut, cela ne suffira pas à compenser.
 
Par expérience, on peut répartir les élèves en plusieurs groupes, sachant que cette répartition correspond à une tendance générale et pas au constat sur une séance (on a tous des jours avec, et des jours sans, des semaines tranquilles ou infernales!)

Groupe 1 :  Ceux qui ne travaillent pas du tout ou pas assez (15’ tous les 3 -4 jours ou 1h d’un coup le week end) et arrivent avec des morceaux non sus ou pas en place.
 
Groupe 2 : Ceux qui ne travaillent pas ou peu, mais qui grâce à leurs facilités y arrivent, mais ne progresseront jamais comme ils le pourraient.
 
Groupe 3 : Ceux qui travaillent régulièrement et efficacement et qui progressent autant qu’ils le peuvent, d’un peu à super vite (au point parfois que le professeur se dit qu’il va devoir retourner fissa fissa à son clavier s’il veut tenir la route jusqu'en perfectionnement ;) )
 
Groupe 4 : Ceux qui travaillent autant voire plus que le groupe 3 et ne progressent pas ou peu..
 
 ANALYSE:

Pour le groupe 1 :  C’est une situation assez décourageante pour le professeur, MAIS.....
Dans de nombreux cas,  la motivation de l’élève est en cause, donc le professeur a sa part de responsabilité.
A lui d’à la fois:
  • Recadrer l’élève et lui  rappeler -ainsi qu’aux parents si c'est un enfant- qu’il est nécessaire de travailler 15 à 20’ par jour dès les premières années
  • Chercher tout ce qui pourrait motiver l’élève à s’y mettre (improvisation, composition, répertoires variés, musique d’ensemble…) . 
  • Rester calme, complimenter l'élève quand le travail est mieux ou qu'un progrès a été fait.
Note aux parents : forcer un enfant à se mettre à un instrument qu’il n’a pas choisi et n’apprécie pas est le meilleur moyen de l’envoyer dans ce groupe. Ce ne sera agréable pour personne, y compris… vous !
Si rien n’y fait et que l’enfant n’accroche pas ou ne veut pas se mettre à l’instrument à la maison, il faut mieux
  1. Changer d’instrument
  2. Changer de prof
  3. Chercher une autre activité moins exigeante sur le plan du travail à la maison. Du sport par exemple.
 
Pour le groupe 2 :  Dommage pour eux de ne pas exploiter leur potentiel.
Un bon professeur n’est pas dupe, d’ailleurs, il fait bien la différence entre ce qu’on peut faire et ce qu’on fait et entre un travail bâclé et un travail sérieux..
Mettre l’élève dans une situation où il doit  jouer en public un morceau au maximum de son niveau ou le faire jouer en musique d’ensemble avec des musiciens de niveau plus avancé peut être un moyen de pallier ce défaut.
Sinon, appliquer la méthode du groupe 1 et chercher à susciter la motivation.
Enfin : remettre les pendules à l’heure. Certains élèves croient faire des étincelles et s’en contentent ou encore ont tellement peu confiance en eux qu’ils ne pensent pas pouvoir faire mieux.
 
Pour le groupe 3 :  Bravo à eux, et peu importe quel niveau ils atteindront au final, l’essentiel est qu’ils aillent de l’avant et à leur maximum.
Il y a des professeurs qui jugeront que seuls les meilleurs sont dignes d’intérêt, mais en ce qui me concerne, j’ai toujours plaisir à faire travailler un élève qui bosse et progresse.
 
Et pour le groupe 4 : là c’est décourageant pour tout le monde ! Mais ce n’est pas une FATALITE !
Soyons clairs : des heures passées à l’instrument, et pas de résultats ? Ce n’est pas normal et il faut chercher une solution.
 
Je ne dis pas que les résultats doivent être immédiats, la pratique de la musique apprend vite la patience. C’est parfois au bout d’une semaine de travail ou plus qu’un trait passe, qu’un geste est acquis, qu’un réflexe s’automatise.
Il y a des paliers où la progression stagne, c’est normal dans un apprentissage.
Et il faut aussi ne pas se décourager les jours où rien ne va comme vous voulez. La musique étant une activité intellectuelle dense demandant énormément de concentration, si vous êtes fatigués ou préoccupés, ne vous acharnez pas, prenez une pause, chantez ou écoutez une bonne version de votre morceau à la place.
Ces constats faits, si vous passez des heures à l’instrument et que vos progrès sont quasi inexistants, que vous passez des mois pour mettre en place un morceau de 2 lignes, réagissez, il y a un problème de METHODE de travail.
 
Je tiens donc à rappeler que travailler n’est pas jouer, dans le sens où jouer votre morceau en boucle en vous disant qu’au bout de 300 fois ca va bien finir par marcher ne sert à rien. Mis à part à vous décourager.
Vous pouvez faire de temps à autre une séance à la cool pour rejouer des morceaux connus sans trop cogiter, mais pour le reste, méthode, patience et concentration sont ESSENTIELS.
 
Et qu’on ne me dise pas, ah oui, mais si on pense juste travail, il est où le plaisir ? Mon avis est que le plaisir vient avec la réussite et que la réussite vient du travail. Je n’irais pas jusqu’à dire que du coup le plaisir vient du travail, ce serait un peu trop sophiste et un peu trop « made in campagne présidentielle » par contre. Bref. Le débat est ouvert.
 
Voici mes conseils pour un travail efficace :
 
Point un : Travaillez dans de bonnes conditions
 
Premièrement : Pas de bruit autour, pas de repas sur le feu à surveiller toutes les 3 minutes, pas de téléphone à côté. Choisissez un moment où vous êtes au calme et en forme.
 
Deuxièmement : Scindez votre temps de travail en fragment de 15’- 20’ séparés par une pause de 5’ (pendant cette pause, levez- vous, bougez,  étirez-vous, allez boire, bref oxygénez le cerveau ).
 
Point deux : Passez par différentes étapes et soignez chacune d’elle.
 
Premièrement : Mettez des numéros de mesure. Découpez votre morceau de manière logique (= par phrases musicales).  Repérez les passages qui vous semblent comporter des difficultés et entourez-les.
 
Deuxièmement : Choisissez une phrase musicale (la première par exemple, mais cela peut être également une phrase qui va se répéter, ou une qui vous semble particulièrement compliquée):
 
1)  Phase de préparation
- Chantez chaque main en vous concentrant d’abord sur la précision et la fluidité du rythme et des notes (on s’en fiche que vous chantiez bien ou pas !), puis en cherchant une interprétation musicale (avec des directions, la bonne énergie, le caractère, les nuances)

2) Les mains séparées
- Jouez les mains séparées à un tempo lent d’abord puis augmentez-le jusqu’à atteindre un tempo supérieur à celui que vous aurez au final mains ensemble. Ne jouez pas mécaniquement, gardez en tête les intentions musicales que vous aviez en chantant.
Le rythme ne doit jamais être affecté. Ne laissez passer ni imprécisions, ni hésitations

Attention: dans certains morceaux, les mains ne sont pas séparables car cela ne ferait aucun sens exemple d'un morceau en style luthé).

2) Les mains ensemble

 
- Travaillez cette phrase (enchaînée toujours avec la première note de la mesure suivante) mains ensemble maintenant. Pas trop vite au début, pour pouvoir garder exacts les rythmes. Puis allez jusqu’au tempo voulu par la musique.
Il faut mieux savoir bien (c’est à dire sans hésitations, erreurs et avec musicalité) une phrase du morceau que vouloir tout jouer, mais imparfaitement.
 
- Faites cela pour tout le morceau. Chaque enchaînement d’une phrase à l’autre doit être travaillé particulièrement.

Point trois : Concentrez-vous sur les passages difficiles

 
Pour chaque phrase après les premières étapes, vous devez avoir repéré les passages difficiles. Faites-en une liste grâce aux numéros de mesure. Ciblez les. Travaillez-les beaucoup  plus que le reste.
Soyez inventifs : s’il s’agit d’un problème de coordination (mouvement contraire, rythmes différents, articulation différente), inventez un exercice demandant ce type de coordination ; s’il s’agit d’un problème technique, cherchez ou inventez des exercices ciblant cette difficulté technique.
N’hésitez pas à reprendre une des étapes précédentes.
 
Point quatre : Terminez par une étape de vérification

A la fin de votre séance de travail, refaites une fois très lentement et sans aucune erreur tout ce que vous avez travaillé, laissez reposer et commencez par cette phrase ou ces phrases la fois suivante pour vérifier ce qui est resté en mémoire.
 
A ne pas faire :

- Ne pas regarder la partition. Il faut LIRE. Contrôler ce que vous avez à faire, et avec quel doigt, et quelle articulation, et apprendre à garder le fil de la lecture tout en jouant.
Vous viendrait-il à l’esprit de lire une poésie juste une fois et d’essayer chaque jour de la réciter en fonctionnant sur la mémoire du premier jour ? Non, vous auriez besoin de revenir au texte pour consolider la mémoire et ne pas vous tromper, ben là pareil.

- Ne pas respecter les doigtés choisis. Si vous changez de doigtés comme de chemise, comment voulez-vous que la main mémorise le bon mouvement ?

- Jouer de manière mécanique. Plus vous allez vous concentrer sur la MUSICALITE, plus vous arriverez à surmonter les difficultés techniques. Car c’est l’intention musicale juste qui suscite le bon geste, et le bon geste qui facilite le jeu.
 
Voilà, bon travail !
Vos retours et expériences sont comme d’habitude les bienvenus !

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Concert dans les copeaux and co 

10/5/2016

2 Commentaires

 
Le vendredi 21 octobre à 19h30 je vais expérimenter une formule de concert que je trouve fort sympathique : un concert dans un atelier de facteur, dans l'odeur du bois, dans les copeaux et au milieu des promesses de clavecins.
Ce sera chez le facteur Reinhardt Von Nagel, 20 rue Bouvier 75011 Paris.

A propos de ce facteur: au  hasard de mes recherches sur internet, je suis tombée sur cette vidéo que je trouve très intéressante

https://vimeo.com/17341863
La vidéo intitulée L'atelier Von Nagel, le facteur sonne toujours deux fois, ma foi" (déjà, le titre me plaît :) )et présente les différentes étapes de montage d'un clavecin, puis sa décoration, son harmonisation.
Je ne sais pas pour vous, mais j'ai toujours aimé ouvrir mes jouets pour voir comment ils étaient faits et bidouiller dedans, alors vous imaginez bien que pour mon jouet favori, le clavecin, c'est encore plus vrai!
Sauf que bien sûr, il y a une limite à ce que je peux ouvrir, dévisser et décoller ici, pas envie de finir avec un kit tout cassé.
La vidéo satisfait donc ma curiosité., on voit très bien les différents éléments être collés, rabotés, vissés, mis en forme etc. par l'ensemble des compagnons travaillant dans l'atelier.
Il y a également des rappels historiques sur le clavecin, les modèles anciens retrouvés, les facteurs. Et de la musique à écouter!

A voir donc!

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La gazette de Septembre

9/28/2016

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Ce n'est pas tout ça, mais nous sommes déjà en automne et je n'ai encore rien posté!

Pourtant, le mois de septembre a été bien rempli, je vous prie de me croire!

Premièrement, mon nouveau clavecin est arrivé fin août! Je suis évidemment très contente, il est superbe, il sonne très bien et surtout il est arrivé entier après un voyage de plusieurs milliers de kilomètres, une escale inattendue hors de Lyon, un passage dans l'ascenseur (au centimètre près!) jusqu'au 5e étage et un remontage sur pieds qui m'a fait penser à la dernière fois où j'ai voulu monter un meuble Ikéa: "Alors ça se met dans quel sens ce truc-là,  où est-ce que j'ai mis cette fichue vis, comment ça il  faut monter le piètement à l'envers??"
Bref, j'ai réussi!

Et mon bonheur d'en profiter dans mon petit appartement a duré: 21 jours!
Le temps que le Festival d'Ambronay l'apprenne et me le demande pour 3 jours, en gros.
Il est donc parti pour 2 concerts, le premier étant "Tamerlano" de Haendel par les Talens Lyriques de Christophe Rousset et le deuxième "Cécile, vierge radieuse" par l'ensemble Correspondances, surnommé par moi le "gang des lyonnais", vu que la majorité des musiciens est issue du CNSMD de Lyon où j'ai fait mes études.
Finalement, je suis partie avec, pour assurer les accords du Festival (et pour garder un oeil dessus hihi).
Et figurez -vous que moi et mon clavecin, on a eu le droit à un petit reportage le vendredi 16 septembre  par Fr3 Rhône-Alpes (le 19/20). Bon, si vous voulez voir c'est ici ( vers les 13'30 ou 14' je ne sais plus)
http://france3-regions.francetvinfo.fr/rhone-alpes/emissions/jt-local-1920-de-rhone-alpes

J'aime beaucoup accorder pour ce Festival car même si c'est très sportif (journées à rallonge, beaucoup d'instruments à accorder - ah les orgues à 3 jeux!!- , timings serrés et souvent du bruit de fond), l'ambiance est bonne, l'équipe sympa et en plus, je peux voir les répéts et les concerts de très bons ensembles baroques.
D'ailleurs je me suis bien régalée avec ceux du week end en question (quelques noms à suivre: Teresa Iervolino, Lucile Richardot, Sébastien Daucé)
Vendredi, j'y retourne en touriste pour voir Leonardo Garcia Alarcon au clavecin avec Jean Rondeau - cela va envoyer du lourd j'espère- et samedi "Jonas et la Tempête", par Les ombres et Chiome d'Oro.
Avis aux mélomanes du Rhône, la programmation est ici :
http://festival.ambronay.org/2016

Deuxièmement, j'ai signé un contrat de 3 ans dans mon conservatoire, hip hip hip hourra! Moi qui vous disais dans un post que je me sentais sur un siège éjectable avec ces CDD d'1 an, hé bien cela me laisse le temps de voir venir et surtout de passer ce concours de la fonction publique territoriale entre temps (croisons les doigts qu'il ait bien lieu début 2019).


Enfin, j'ai pas mal de travail au Conservatoire justement.
En 1 an, nous avons agrandi le parc instrumental d'un clavecin; d'un violon, d'un alto et d'un violoncelle baroques,  d'archets baroques, d'un consort de flûtes et si tout se passe bien très bientôt d'un clavicorde et d'un orgue positif. Le tout grâce à l'investissement de la direction, de la Mairie et également pas mal de débrouillardise, négociation, échanges etc. de moi et mes collègues.
Nous avons plusieurs projets, et là je m'adresse aux curieux de la région Hauts de France (enfin, Nord-Pas de Calais-Picardie quoi):
- Le 5 novembre 2016 de 16h à 18h à l'Auditorium du CRR d'Amiens : Conférence musicale sur les Variations Goldberg par Anne-Catherine Bucher, professeur au Conservatoire de Metz. Tous publics, entrée libre.
- Les 27 et 28 janvier 2017 au CRR d'Amiens: Journées autour du clavicorde et du pianoforte : masterclasses, rencontres avec les factrices d'instruments Renée Geoffrion et Kerstin Schwarz, concert d'Arnaud de Pasquale  le 28 à 20h30. Ouvert au public!

Et ce n'est que le début, un certain King Arthur de Purcell est dans l'air ainsi qu'un concours d'ornementation, une masterclasse sur la notation de la danse et son lien avec la musique....Je n'en dis pas plus, c'est à suivre!


Voilà, une rentrée tranquille comme je les aime ;-)
A très bientôt!
















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