Hello everybody! Bonjour à tous et toutes! Me voici de retour de mes vacances, dans les starting-blocks pour le dernier trimestre scolaire! J'ai profité de ces quelques jours pour partir à Londres qui, une fois n'est pas coutume, m'a accueillie avec un grand soleil et non le smog qui l'a rendue célèbre.. Les jardins y sont toujours aussi agréables, notamment Regent's park, et j'ai pu déambuler au milieu de magnifiques parterres de tulipes, roses, magnolias et camélias. Evidemment, j'ai visité quelques musées: le Tate Britain et le Wallace Museum, riches en oeuvres de Turner, Rembrandt, Constable et bien d'autres. Mais l'objet principal de ma visite était un musée sûrement moins connu de vous, le Horniman Museum and Gardens, situé près de Forest Hill. Un musée pas très facile d'accès (compter plus d'une heure du centre) mais intéressant. Outre une Salle des robots-animaux et une salle consacrée à la taxidermie avec entre autres une momie de crocodile et un morse géant (autant vous dire que la proportion d'enfants au mètre carré frôlait le 75% ), il y a là un musée des instruments. N'allez pas vous imaginer la Cité de la musique, il n'y a qu'une salle, mais dans cette salle il y a un clavecin Kirkman de 1772 en état de jeu. J'ai eu la chance de pouvoir avoir une présentation de cet instrument par l'adorable conservatrice du musée Mimi Waitzman, puis de le jouer pour une petite compétition (dont j'ai été lauréate, au passage). Voici un modèle très proche de celui du Musée (la faible luminosité m'a découragée de prendre une photo): Vous remarquerez l'extrême simplicité de la décoration du clavecin!
Commençons par son facteur, Jacob Kirkman. Natif d'Alsace, il s'installe à Londres dans les années 1730 et épouse la veuve de celui qui l'a formé, le flamand Hermann Tabel. Associé avec son neveu Abraham, il devient un des facteurs de clavecin les plus en vogue, l'autre apprenti de Tabel, Shudi, étant son concurrent le plus sérieux. Les anglais raffolent de ses instruments solides au son très riche, comme le rapporte Charles Burney. Il produit quasiment en série, avec trois modèles différents : un à un claviers et deux 8', un à un clavier, deux 8' et un 4' et enfin un à deux claviers, deux 8' et un 4' (celui-là que j'ai joué). Ses instruments sont basés sur le modèle Ruckers et en conservent l'étendue de presque 5 octaves G-F (avec le sol# grave). Néanmoins ils présentent certaines spécificités, comme le montre le modèle de 1772: -Il a 5 jeux différents, actionnés par des manettes disposées au dessus des claviers (3 à gauche, 2 à droite): deux 8', un 4', un "buffle stop" ( l'équivalent de notre jeu de luth) et un "lute stop" (qui produit un son très nasal) -Les claviers sont en "dogleg": c'est-à-dire qu'une rangée de sautereaux est crantée, et que ces derniers peuvent être soulevés, soit par la touche inférieure, soit par la touche supérieure. Donc on peut avec le son du 8' principal soit sur le clavier du bas, soit sur celui du haut, ou sinon deux 8' en bas et le son du deuxième 8' en haut, mais on ne peut pas avoir indépendamment le son du 8' principal en bas et celui du deuxième 8' en haut. -Il a également ce qu'on appelle un "machine stop": on doit enclencher les deux 8' et le 4' avec les manettes, puis pousser vers le fond une autre manette située sur notre gauche et ensuite ne surtout plus toucher aux manettes des jeux! Là, on utilisera la pédale gauche. Quand elle est en haut : le clavier du bas fait entendre les deux 8' et le 4' ensemble, et le clavier du haut le 8' principal tout seul. Quand elle est en bas, on a le 8' principal sur le clavier du bas et le clavier du haut fait entendre le lute stop tout seul. Le buffle stop est le seul jeu indépendant, on peut le mettre ou non. - Et enfin le Nag's head swell, actionné par la pédale de droite. il faut fermer le couvercle, qui est en deux parties. la plus grande ne bouge pas, l'autre peut se relever sur le côté quand on appuie sur la pédale. C'est lourd et il faut bien faire attention à ne pas laisser retomber brusquement le couvercle, mais cela permet de faire des nuances et même des nuances progressives, à condition d'être habile de ses pieds (ce qui n'est pas mon cas pour l'instant ;-) ) ! De par ses spécificités, l'on comprend bien deux choses : d'une part, les anglais recherchaient des contrastes très prononcés et des couleurs sonores très distinctes, les petites nuances qui peuvent exister entre un huit pieds inférieur ou supérieur sur nos instruments ne les intéressaient pas. D'autre part, on voit une recherche de nuances qui correspond bien à l'esthétique de cette fin de XVIIIe siècle et annonce les futurs pianoforte. Parlons du toucher et du son : un Kirkman est très différent des clavecins français ou italiens! Les touches ont beaucoup d'inertie et le temps de retour des sautereaux est long, ce qui fait qu'il faut être très vigilant sur les répétitions de notes et les ornements (si l'on ne relève pas assez les doigts, ils ne sortent pas). Il faut savoir aussi que la mécanique n'est pas toujours parfaite, parfois monsieur fait son capricieux :-) Je dirais qu'il réagit beaucoup plus aux variations de poids qu'aux variations de vitesse, si l'on met trop d'attaque, on n'obtient pas plus de son mais par contre le résultat sonne sec et brusque. C'est un instrument capable de chanter sans avoir le moelleux d'un français, mais qui a également de la diction et un brillant naturel dû à ses harmoniques très riches. Il a également une belle résonance. J'ai du mal à me faire au son du lute stop, car je n'y suis pas habituée, mais la couleur est originale, et je trouve jolie la combinaison possible sur le clavier supérieur du lute stop et du buffle stop. Enfin, les nombreuses possibilités de registration et les pédales sont très intéressantes pour la musique de la fin du XVIIIe siècle, cela me donne bien envie d'y retourner pour quelques heures de répétition. Voilà, donc si jamais vous passez par Londres, je vous conseille d'aller y jeter un oeil, non sans avoir auparavant consulté la saison de concerts/ d'événements, car le voir fermé serait un peu dommage!
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Bonjour à tous,
Le dernier post datait des frimas des l'hiver, il était temps de fêter le printemps avec un nouveau sujet! Comme toujours, les derniers mois ont été denses: de beaux projets dans mon conservatoire (dont quelques merveilleuses journées passées avec 3 pianofortes et 3 clavicordes et un opéra monté avec les élèves), quelques concerts (non sans rebondissements en ce qui concerne l'un d'entre eux: problème de clavecin, violoniste blessée et remplacée 6 jours avant!), beaucouuuuup d'heures de cours.... Comme on me le faisait remarquer encore tout récemment, je suis une fausse calme. A l'extérieur d'humeur égale, à l'intérieur une vraie cocotte-minute. Et une perfectionniste donc je prends les choses à coeur, qu'il s'agisse d'éplucher les légumes, de faire venir des conférenciers ou de jouer une fugue de Bach, ce qui devrait cependant être un peu hiérarchisé dans ma petite tête. Cela n'a pas loupé, entre le stress, la fatigue, les heures de travail, les voyages et les déplacements de clavecin, à la rentrée des dernières vacances, mon corps a dit "stop". Je me suis mise à avoir mal au bras droit. Mais vraiment mal, au point de serrer les dents pour aligner trois notes, renoncer à couper le pain, écrire de la main gauche et ne pas pouvoir lever le bras plus haut que la poitrine. Quand on est musicien, on s'interroge: tendinite? Déchirure? Syndrome du canal carpien? Mais quand vais-je pouvoir jouer? Mon dieu, et mon concert qui arrive bientôt et moi qui ne peux pas répéter!! Et si ca dure, et si... ? Bref, panique à bord! Première chose que j'ai faite: sortir l'artillerie de mamie: arnica, compresse de froid, bouillotte, crème pour les contractures, cataplasme d'argile. Du mieux en quelques jours, mais 75% de satisfaction seulement. Deuxième chose: utiliser au minimum ma main droite et travailler mentalement les morceaux. Bof, j'ai l'impression que la main est encore plus lente quand je la réutilise et il me manque quand même la sensation rassurante du clavier. Je préfère l'utiliser régulièrement mais avec beaucoup de précautions. Troisième chose: chercher un médecin. On m'a conseillé un kinésithérapeute et une ostéopathe, j'ai choisi le kiné ( mais pense aussi prendre rdv avec l'ostheo). Verdict: ce n'est pas une tendinite (ouf) ni un syndrome du canal carpien (re-ouf) et ce n'est pas super grave (re-re-ouf). Par contre vous avez des tensions musculaires énormes du pouce jusqu'aux épaules. (Ah? Ben oui, par exemple si j'appuie là....Aiiiiiiie, d'accord je vous crois, pitié.) --> résumé un peu exagéré, en vrai suis pas aussi chochotte. Et vous avez un déséquilibre entre les muscles extenseurs (moins utilisés) et les muscles fléchisseurs de l'avant-bras donc vous compensez mais qui vous gène. Et là, on se remémore: Toutes les fois où on a travaillé sans s'échauffer parce qu'on avait que 30' entre 2 cours et mince il y avait l'accord à faire (pourquoi j'ai pas un clavecin électronique??ah,oui, parce que j'aime pas), donc bref, 15' alors j'avais pas le temps! Celles où on ne s'est pas étiré alors qu'on avait mal partout (non, mamie moi c'est pas l'arthrose, c'est la musique) Celles où on a porté à froid et vite parce que ca urgeait un clavecin de 50 kilos, une ou plusieurs fois dans la journée Celles où on était bien fatiguée à minuit passé mais qu'il y avait encore 30 mails à faire alors on s'écroulait sur le lit et on écrivait sur sa tablette dans une position pas du tout ergonomique. Bref, toutes les bêtises qu'on sait qu'il ne faut pas faire et qu'on fait quand même. Donc mes chers amis musiciens, quand on travaille intensément : -On perd quelques minutes en échauffement et étirement quoi qu'il arrive. -On s'hydrate bien -On prend des petites pauses -On évite de porter des choses lourdes quand on est fatigué. -On demande à la famille/à chéri/chérie un massage ou on s'auto-masse les mains/bras/épaules. - On marche/on va à la piscine/on fait du vélo pour compenser le travail du haut du corps - On ne fait pas un combo ordinateur/clavecin pendant des heures. Vous le savez sûrement déjà, mais peut-être que comme moi, vous l'oubliez dans l'urgence. Erreur. Ensuite, je voulais partager avec vous des petits exercices d'étirements qui m'ont été proposés (à faire assis ou debout) et qui peuvent vous être utile. Vous choisissez le nombre de répétitions, le mieux est de les faire en série. Les zones travaillées ont été définies beaucoup plus scientifiquement par le kiné, moi je simplifie un peu avec des mots que tout le monde connaît. Chaque lettre correspond à un exercice en soi. Ne pas verrouiller les genoux pendant les exercices si on est debout. 1) Les doigts a. On ferme les poings et on ouvre en étirant le plus possible les doigts (lentement et sans forcer). b. Paumes ouvertes vers le haut, doigts joints, on ouvre ces derniers en évental puis on les joint à nouveau. 2) Les poignets a. Bras légèrement pliés et placés dans l'alignement des épaules, paumes vers le sol, on plie les poignets vers le bas (paumes vers soi) puis en sens inverse (paumes vers l'avant) b. Rotation des poignets dans les 2 sens, main ouverte/poings fermés 3) Les avant-bras/coudes a. Bras tendus sans bloquer les coudes, mains parallèles au sol, on fait une rotation de la main vers l'intérieur (=pouces vers le bas, paumes vers l'extérieur) puis vers l'extérieur = pouces vers l'extérieur, paumes vers le ciel) b.On tend les bras derrière soi avec les mains renversées vers l'arrière (comme si on voulait poser ses paumes sur une table derrière nous) puis on ramène les avant-bras devant nous en pliant les coudes et on vient toucher ses épaules avec ses mains. 4) Les épaules a. Mouvement du rameur (bras tendus devant, on les plie vers l'intérieur, on les ramène vers soi et on tire les coudes vers l'arrière, le tout en un seul mouvement fluide) b. On lève les épaules à l'inspiration, on les détend, on les abaisse (sans les mettre en arrière!), on les détend etc. c. On amène les épaules vers l'avant et l'intérieur, on détend, on les amène vers l'arrière, on détend etc. d. Petits cercles des épaules vers l'avant et vers l'arrière. Voilà. Pour l'instant, je joue, j'ai peu de douleurs mais je sens que ma main fatigue plus vite et que certaines difficultés techniques sont accentuées par des crispations. A surveiller donc. Si je récupère d'autres exercices et que cela vous intéresse, je partagerai. A bientôt! |
A proposParce que j'ai toujours aimé écrire. Et partager ma passion de la musique..... Categories
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