Depuis maintenant 7 ans, j'enseigne le clavecin à des élèves de profils très différents : enfants, adultes, débutants, ayant déjà pratiqué un autre instrument, etc...
C'est une expérience passionnante, c'est très gratifiant de voir ses élèves progresser, prendre confiance en eux et découvrir chaque semaine un peu plus de répertoire. Cela m'amène à me poser plus de questions sur ma propre manière de jouer et sur la technique de mon instrument. Car l'instinctif n'est pas pédagogique, un élève ne peut se contenter d'un "Euh, ben, je sais pas trop, essaie, tu verras bien". Je deviens plus attentive, plus exigeante avec moi-même, plus analytique. Essayant de ne pas enfermer mes élèves dans une interprétation, je dois explorer toutes les possibilités. Bref, je me forme en formant. Si vous avez envie d'apprendre le clavecin, je vous conseille de prendre un professeur. Etre autodidacte est possible, mais attention, les mauvaises habitudes sont dangereuses, elles aboutissent souvent à un son peu satisfaisant, une exécution approximative des ornements, sans compter des crispations musculaires dues à une mauvaise position de la main (lisez L'Art de toucher le clavecin, de François Couperin pour plus de détails). Il est toujours bon d'avoir quelqu'un pour vous rectifier et bien sûr vous stimuler! Nul besoin d'apprendre le piano avant de commencer le clavecin, au contraire (heureusement, car sinon Couperin,Scarlatti, Bach auraient été bien embêtés, eux qui ne l'ont pas connu!). Le piano demande plus de force musculaire et un engagement de tout le bras, ce qui n'est pas le cas du clavecin. Je connais des personnes qui font les deux, mais beaucoup ont arrêté l'un ou l'autre, à cause de la différence de technique. Où apprendre? -Dans les conservatoires et écoles de musique, dont voici la liste (empruntée au site Clavecin en France) http://annuaire_clavecin.pdf Certains établissements acceptent les adultes, mais pas tous, se renseigner. Les + : C'est la formule la plus abordable financièrement. Enseignement complet avec les autres disciplines du cursus (solfège, chorale, écriture....) Les - : Peu de flexibilité des horaires= difficile pour quelqu'un qui travaille. -En cours particuliers Attention aux annonces. Quelques informations: Un DEM n'est pas un diplôme d'enseignement, il sanctionne la fin des études en conservatoire (un DFE est le niveau en dessous, qui ne destine pas à la professionnalisation). Le prix moyen de l'heure est de 20 euros (30 pour quelqu'un d'expérience). Les + : horaires souples, suivi, possibilité d'avoir cours chez soi, pas de "programme scolaire" Le - : le prix Les méthodes de clavecin La redécouverte du clavecin est encore assez récente. Outre la facture, il a fallu réapprendre la technique de jeu. Alors qu'il y a quelques temps, l'on ne pouvait qu'utiliser que des méthodes de piano pour les exercices techniques et piocher dans les recueils de pièces, aujourd'hui il y a de plus en plus de méthodes spécifiques pour le clavecin, adaptées aux différents stades d'apprentissage. En voici quelques-unes: http://methodes.pdf Personnellement j'utilise principalement: -pour les exercices de doigts : La méthode rose et Hanon (ce sont des méthodes pour piano, je sélectionne donc les exercices qui sont aussi utiles au clavecin) ainsi que Manuale d'Isolde Algrhimm et l'Art de toucher le clavecin de François Couperin. - pour les morceaux, The Amsterdam Harpsichord Tutor de Kees Rosenhardt, Les Cahiers de clavecin de Laure Morabito et Aline Zylberajch et Apprendre à toucher le Clavecin de Richard Siegel. -pour la basse continue : la Méthode de Louise Bourmayan et celle de Martial Morand.
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Après ce post sur la basse continue, je saisis l'occasion de présenter un de mes ensembles, l'ensemble Atalante (d'après le nom d'une pièce de François Couperin), où je tiens le rôle de continuiste, justement. C'est un tout jeune ensemble, puisque constitué d'étudiants du Conservatoire royal de la Haye, où j'effectue un échange Erasmus depuis septembre 2010. Voici sa biographie: L’ensemble L’Atalante a été fondé en 2010 par la claveciniste Hélène Diot.
Il est constitué de musiciennes d’origines très diverses (Pologne, Italie, Suède, USA et France), formées dans les plus prestigieux centres d’apprentissage et de diffusion de la musique ancienne et actuellement étudiantes au Conservatoire royal de la Haye (Pays-Bas). Jouant sur instruments anciens, l’ensemble Atalante est en recherche perpétuelle d’une interprétation respectueuse des sources, mais aussi personnelle, vivante et engagée, dans l’esprit de l’époque : mouvoir les passions, surprendre et toucher. Passionné par la musique des 17ème and 18ème siècles, L’Atalante souhaite la faire découvrir dans des programmes variés au public - qu’il soit connaisseur ou néophyte- et s’inscrit dans une démarche pédagogique avec des concerts commentés ou destinés au jeune public. Les musiciennes: Andrea Tjäder, soprano La soprano suédoise Andrea Tjäder a obtenu son Bachelor “with Honours” au Conservatoire de Birmingham Conservatoire (Royaume-Uni). Actuellemment, elle étudie au Département de musique ancienne du Conservatoire Royal de La Haye dans les classes de Rita Dams, Jill Feldman and Michael Chance. Elle a tenu des rôles principaux dans différents opéras, notamment celui de “Poppea” dans L’incoronazione di Poppea de Monteverdi et le rôle titre de Semele de Haendel. Elle a également interprété le Deuxième garçon (ou génie) dans la Flûte enchantée de Mozart. Rebecca Huber, violon Après avoir achevé ses études à Oberlin et River Ridge (USA), Rebecca Huber est venue en Europe se spécialiser en violon baroque. Elle étudie actuellement au Conservatoire royal de la Haye dans les classes de Elizabeth Wallfish, Kati Debrezini and Cat Mackintosh. En tant que soliste, elle a donné de nombreux récitals aux Etats-Unis, Chili, Royaume-Uni, Pays-bas, en Allemagne, République tchèque et Italie. Elle a joué en orchestre dans toute l’Europe sous la direction de Gustav Leonhardt, Fabio Bonizzoni, Jaap ter Linden and Peter van Heygen. Elle a participé à des festivals prestigieux tels Utrecht, Leiden, Darmstadt and Edinburgh. Elle est la lauréate de plusieurs concours : la « Federal Way Philharmonic Concerto Competition » (1996) et la « CAYSA Concerto Competition » (1995, 1997). En mai 2010, elle a enregistré un disque avec l’ensemble “Concordi Musici”. Giuditta Isoldi, traverso Giuditta Isoldi est née à Florence en 1987. Elle a étudié le traverso au Conservatoire de Florence où elle a obtenu son diplôme en 2008. Depuis septembre 2010, elle a entamé une Licence au Conservatoire royal de la Haye,dans la classe de Barthold Kuijken. Elle s’est perfectionnée par des master-classes prodiguées par Marcello Gatti and Marc Hantaï et s’est produite en solo et en orchestre à Rome, Florence, Urbino, Barcelona, Leipzig et La Haye ainsi que dans de nombreux festivals. Paulina Ptak, violoncelle Paulina Ptak a étudié le violoncelle moderne et baroque avec Teresa Kaminska à l’Académie de Musique de Cracow (Pologne). Après sa Licence obtenue en 2009, elle décide de se spécialiser en violoncelle baroque au Conservatoire royal de la Haye, dans les classes de Lucia Swarts et Mieneke van der Velden. Elle a également effectué un échange Erasmus à la School of Arts d’Utrecht avec Viola de Hoog Paulina Ptak s’est produite dans de nombreux festivals: VIII International Bach Academy(Cracow), VIII Bach Festival in Świdnica, Song of Our Roots in Jarosław, Bach Days (Cracow), Forum Musicum (Warsaw), Austria Baroque Academy à Gmunden (elle y a été lauréate du prix récompensant les talents prometteurs). Elle a eu l’opportunité et l’honneur de travailler avec H.Rilling, M.Caudle, P.Holtslag, J.Ogg, G.Erodi, P.Eswood, J.Rifkin, A.Sapiecha, J.T.Adamus, Ensemble Harmonologia, Cappella Cracoviensis, Florilegium et le Concerto Barocco. Hélène Diot, clavecin Née en 1987, Hélène Diot a débuté le clavecin à six ans. Après avoir obtenu avec mention TB les Diplômes d’études musicales (DEM) des Conservatoire d’Amiens et de Boulogne-Billancourt, elle a intégré le Conservatoire national supérieur de Musique et de Danse de Lyon où elle est actuellement en Master 1, dans les classes de Françoise Lengellé et Jean-Marc Aymes. Elle s’est perfectionnée dans les masterclasses prodiguées par des clavecinistes de renom, tels Pierre Hantaï, Christophe Rousset, Noëlle Spieth, Rudolf Lutz et Aline Zylberasch. Hélène Diot s’est produite en solo et en musique de chambre en France, Allemagne et Hollande. Elle a aussi joué en orchestre sous la direction de Jaap ter Linden, Philippe Pierlot, Raphael Alpermann, Patrick Bismuth, Mira Glodeanu, Howard Arman. Comme tout ensemble, l'Atalante est le fruit d'une rencontre musicale et humaine. On joue avec l'un, avec l'autre,puis un groupe fixe se forme: le contact passe bien, les instruments s'accordent, les conceptions musicales aussi. On finit par se connaître, se deviner, les mots se font plus rares; un geste, un regard, une inspiration suffisent. Les projets apparaissent, c'est le temps des répétitions régulières, des heures passées en bibliothèque à chercher de nouvelles partitions, à monter des programmes, à faire des montages. Aujoud'hui nous sommes 5, et la combinaison des instruments et du chant permet un répertoire assez large, mais l'Atalante s'ouvrira très certainement à d'autres musiciens, au gré des rencontres. Nos projets sont: -des concerts à La Haye (et environs) au 2ème semestre de 2011 -participer aux festivals d'Utrecht et Bruges cet été -donner des concerts dans nos différents pays d'origine. Tout cela demande du temps et de l'organisation. Je vous tiendrai au courant, bien sûr. Nous avons d'ores et déjà construit deux programmes que voici: http://music_at_the_court_of_dresde.pdf http://cantare_e_sonare.pdf
Si vous avez déjà discuté avec un/une claveciniste, vous avez dû entendre ce terme, d'ailleurs la plupart des clavecinistes (moi y compris) se disent également continuistes. Mais qu'est-ce que cela veut dire?
Alors, pour faire simple: Dans la musique baroque, lorsque le clavecin accompagne un ou plusieurs instruments, on a deux solutions: -soit sa partie (main gauche et main droite) est intégralement écrite par le compositeur, on parle de "clavecin obligé". Comme par exemple dans les sonates pour flûte ou les sonates pour viole de gambe de Jean-Sébastien Bach. -soit il doit réaliser un continuo, c'est- à- dire que seule la basse (partie de main gauche) est écrite - il la partage d'ailleurs la plupart du temps avec un instrument monodique (violoncelle, viole de gambe, contrebasse, basson) - et que par dessus le claveciniste doit improviser ce que fait sa main droite.Pas si simple, heureusement il y a souvent des chiffres qui accompagnent cette basse et indique les harmonies à jouer, c'est de là que vient le terme synonyme "basse chiffrée".Lorsqu'il n'y a pas de chiffrages, c'est par ses connaissances (tirées des méthodes et traités d'époque) et l'écoute des autres parties que le claveciniste doit déduire les harmonies. Pour que ce soit plus clair, voici un exemple de chaque: Clavecin obligé:
Basse continue avec chiffrages (provenant d'une sonate pour violon et b.c, d'Elizabeth Jacquet de la Guerre).
Personnellement, je trouve la pratique du continuo difficile et passionnante à la fois. C'est une sorte d'improvisation contrôlée (un.paradoxe, donc, que cette "liberté dans la contrainte").
On ne fait pas n'importe quoi, n'importe comment en continuo. Il faut bien sûr respecter les harmonies indiquées ou sous-entendues, sous peine de "clashs" avec les instruments qu'on accompagne, mais ce n'est que la base, le reste est affaire de travail, d'imagination et de talent. La question du style, qui varie selon les pays et selon les époques, n'est pas à négliger. On ne peut pas faire le même type de réalisation sur une basse continue du 17ème italien (comme une canzone de Frescobaldi) ou du 18ème allemand (CPE Bach par exemple). Le continuo pourra ainsi être un contrepoint strict à 4 voix ou une réalisation plutôt mélodique avec des imitations entre le soliste et le clavecin ou une réalisation plutôt rythmique avec des accords plaqués qui ponctuent le discours du soliste ou des arpégements, il pourra être discret ou bavard, fourni (on a 10 doigts, pourquoi n'en utiliser que 4 ou 5?) ou léger etc.... Les possibilités sont infinies et combinables à loisir, mais toujours dans le respect des règles et du "bon goût". Un bon continuiste est un soutien, un moteur et un complément pour le soliste. Dans le cas contraire, il plombe la pièce, et ne crée que confusion et dissonance.
Bien que le gabarit d'un clavecin rende un envoi par la Poste quelque peu improbable, on nomme facteur l'artisan qui les construit, les restaure et les entretient.
Un beau métier, pas très connu, dont je voudrais parler ici. Tout d'abord un petit historique (résumé du Dictionnaire historique et pratique de la musique) C'est sous la forme faiseur que le nom de cette profession apparaît au moyen âge. A la toute fin du XVIème siècle, les faiseurs habitant Paris s'organisèrent en corporation et obtinrent de Henri IV des « lettres de création du métier de faiseur d'instruments de musique en maîtrise » (1599). La durée de l'apprentissage était fixée à six ans, après lesquels l'obligation de se faire recevoir maître par deux jurés comportait l'exécution du « chef-d'œuvre »; nul maître ne pouvait prendre à la fois plus d'un apprenti, ni ouvrir plus d'une boutique; le colportage était interdit; l'importation d'articles étrangers était soumise à la déclaration.Ces statuts, à peu près semblables à ceux des autres corporations d'arts et métiers, furent confirmés en 1679. On rappellera les noms des Ruckers, d'Anvers, facteur de clavecins aux XVIe et XVIIe s., et ceux des Cliquot, des Dallery, des Serassi, des Silbermann, des Callinet, des Isnard et des Cavaillé (orgues), des Blanchet, des Érard, des Broadwood, des Pleyel, des Ibach, des Steinway (pianos), des Cousineau, des Naderman (harpes), des Hotteterre, des Lot, des Triebert, des Sax (instruments à vent), etc. De nos jours, le terme faiseur est abandonné; on distingue le facteur qui s'est spécialisé dans la fabrication des orgues, des pianos, des harpes et des instruments à vent du luthier qui fabrique les instruments à cordes à manche, avec ou sans archet. C'est un travail artisanal de grande précision, qui demande une connaissance approfondie des matériaux utilisés (bois, métal, vernis), du montage des différents éléments de l'instrument (table d'harmonie, clavier, bouclettes de cordes,registres, sautereaux) en tenant compte des tensions et proportions.Le facteur procède aussi à l'harmonisation de l'instrument, qui vise à obtenir un toucher et un son réguliers et harmonieux. Enfin peut s'ajouter une éventuelle décoration (peinture de la table d'harmonie/du couvercle, dorures, rosace ouvragée, etc...), effectuée soit par l'artisan lui-même, soit par un artiste de métier. C'est donc un métier qui exige d'être "manuel", mais aussi d'être méthodique, méticuleux et d'avoir une bonne oreille. Un clavecin ne peut pas se fabriquer à la chaîne, trop d'éléments dépassent le cadre de compétence d'une machine. Cela demande du temps :un facteur de Seine-et Marne, Patrick Lesurtel, estimait dans une interview à 430-450 heures le temps de travail pour un instrument! D'où le prix, assez élevé des instruments (surtout après le passage à l'euro, n'est-ce-pas) : selon les finitions, entre 6000 et 12000 euros en moyenne pour 1 clavier ,de 15000 à 30000 pour 2 claviers. C'est un ordre d'idée, certains facteurs ont trouvé des moyens de baisser les coûts de fabrication et donc le prix des instruments et on trouve aussi des instruments d'occasion. Pour un débutant, une épinette suffit (1500-3000 euros à l'achat) et il est possible de passer par une location-vente. Voici un répertoire- non exhaustif- des facteurs de clavecins de France ( l'étranger n'étant cependant pas à négliger). http://www.clavecin-en-france.org/spip.php?article20 Et pour finir, voici une vidéo plutôt intéressante à ce sujet (et qui ne sera pas valide très longtemps, malheureusement) http://videos.arte.tv/fr/videos/facteur_de_clavecins-3725004.html |
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