Si vous avez déjà discuté avec un/une claveciniste, vous avez dû entendre ce terme, d'ailleurs la plupart des clavecinistes (moi y compris) se disent également continuistes. Mais qu'est-ce que cela veut dire?
Alors, pour faire simple: Dans la musique baroque, lorsque le clavecin accompagne un ou plusieurs instruments, on a deux solutions: -soit sa partie (main gauche et main droite) est intégralement écrite par le compositeur, on parle de "clavecin obligé". Comme par exemple dans les sonates pour flûte ou les sonates pour viole de gambe de Jean-Sébastien Bach. -soit il doit réaliser un continuo, c'est- à- dire que seule la basse (partie de main gauche) est écrite - il la partage d'ailleurs la plupart du temps avec un instrument monodique (violoncelle, viole de gambe, contrebasse, basson) - et que par dessus le claveciniste doit improviser ce que fait sa main droite.Pas si simple, heureusement il y a souvent des chiffres qui accompagnent cette basse et indique les harmonies à jouer, c'est de là que vient le terme synonyme "basse chiffrée".Lorsqu'il n'y a pas de chiffrages, c'est par ses connaissances (tirées des méthodes et traités d'époque) et l'écoute des autres parties que le claveciniste doit déduire les harmonies. Pour que ce soit plus clair, voici un exemple de chaque: Clavecin obligé:
Basse continue avec chiffrages (provenant d'une sonate pour violon et b.c, d'Elizabeth Jacquet de la Guerre).
Personnellement, je trouve la pratique du continuo difficile et passionnante à la fois. C'est une sorte d'improvisation contrôlée (un.paradoxe, donc, que cette "liberté dans la contrainte").
On ne fait pas n'importe quoi, n'importe comment en continuo. Il faut bien sûr respecter les harmonies indiquées ou sous-entendues, sous peine de "clashs" avec les instruments qu'on accompagne, mais ce n'est que la base, le reste est affaire de travail, d'imagination et de talent. La question du style, qui varie selon les pays et selon les époques, n'est pas à négliger. On ne peut pas faire le même type de réalisation sur une basse continue du 17ème italien (comme une canzone de Frescobaldi) ou du 18ème allemand (CPE Bach par exemple). Le continuo pourra ainsi être un contrepoint strict à 4 voix ou une réalisation plutôt mélodique avec des imitations entre le soliste et le clavecin ou une réalisation plutôt rythmique avec des accords plaqués qui ponctuent le discours du soliste ou des arpégements, il pourra être discret ou bavard, fourni (on a 10 doigts, pourquoi n'en utiliser que 4 ou 5?) ou léger etc.... Les possibilités sont infinies et combinables à loisir, mais toujours dans le respect des règles et du "bon goût". Un bon continuiste est un soutien, un moteur et un complément pour le soliste. Dans le cas contraire, il plombe la pièce, et ne crée que confusion et dissonance.
11 Commentaires
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A proposParce que j'ai toujours aimé écrire. Et partager ma passion de la musique..... Categories
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