Petit message à l'intention de ceux et celles de mes élèves que j'ai eu à houspiller pour la
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Un de mes élèves, qui se reconnaîtra je pense, m’a donné l’idée de cet article.
Le travail sans instrument est un sujet auquel un professeur va se retrouver confronté assez vite. Combien de fois ai-je en effet entendu mes élèves - enfants ou adultes- me dire au début du cours avec plus ou moins de contrition : « Je n’ai pas pu travailler, je n’avais pas d’instrument pour le faire » ? (Notons que certains ne disent rien, en espérant que je ne m’en rende pas compte. Haha, bien essayé, mais…raté !) Week-ends chez les grands-parents, vacances au soleil, déplacements professionnels, maisons de campagne pas équipées, je vous déteste, vous êtes ma plaie, mon fléau, mon choléra ! Blague à part, on le sait bien quand même que nos élèves n’emporteront pas en vacances de clavecin pliable et que la SNCF n’en a pas encore mis à disposition dans les compartiments ou en gare (encore que ce serait une riche idée, au cas où – hypothèse hautement improbable, n’est-ce pas, il y aurait une petite grève et que les voyageurs auraient besoin de tuer le temps baroquement). Alors que faire? Peut-être que le mieux serait de donner aux élèves des moyens de travailler quand même, non ? Il est évident que le toucher et la qualité de son ne peuvent pas être des objectifs de travail dans ce cas, mais par contre, la fluidité de lecture, la précision rythmique, la conscience des voix, le développement de l’oreille, oui ! Quelques conseils : L’idéal : Se dessiner/découper un clavier en papier/carton souple aux dimensions réelles. Avoir un diapason sous la main. Ne rigolez pas, un de mes élèves a testé et c’est efficace. Pour le répertoire solo, on peut travailler les déplacements, les empreintes, vérifier ses doigtés etc. et pour la basse continue, travailler sa réalisation en chantant (le diapason sert à trouver sa note) la partie instrumentale/vocale que l’on accompagne, très bon exercice pour ceux qui ont tendance à prendre leurs aises avec le rythme ! Avec un ordinateur et une connexion internet, vous pouvez écouter le morceau s’il en existe un enregistrement et vous entraîner à jouer (virtuellement) en même temps, à chanter les différentes voix, à en frapper le rythme. Evidemment, l’intérêt de ce travail dépend du type de morceau, il faut mieux qu’il s’agisse d’une gavotte que d’un prélude non mesuré… Le travail à la table avec diapason présente les mêmes possibilités, mais nécessite une oreille affinée. A faire dans un environnement calme ! Apparemment (il faudrait un kiné ou un neurologue dans la salle pour nous en dire plus), quand l’on se concentre beaucoup et que l’on cherche à ressentir des sensations de toucher, à visualiser mentalement ses déplacements, ses gestes, il se crée dans le corps une mémoire physique très profonde, ce qui fait que quand on retourne à l’instrument, on a l’impression un peu étrange d’avoir déjà joué le morceau pour de vrai. Quand je passe un examen, que je fais un concert et que l’instrument de chauffe n’est pas celui sur lequel je vais jouer après, je préfère vraiment travailler comme cela plutôt que me mettre dans les doigts et dans les oreilles des sensations que je ne retrouverai pas au moment fatidique. A tester ! Apprendre par cœur : ce peut être l’occasion de travailler d’autres types de mémorisation que celui qui consiste à répéter le morceau jusqu’à l’avoir « dans les doigts »: - par la lecture et le chant intérieur - par l’écriture. A l’instar de certains acteurs qui écrivent leur texte, on peut apprendre un morceau en le recopiant une ou plusieurs fois. Pour les enfants, cela donne l’occasion de se familiariser avec la notation musicale et d’en maîtriser la graphie (ce ne doit pas être si rébarbatif que cela, puisqu’une de mes élèves a le syndrome de l’ « écriturite aigue », elle me dessine des clefs de sol et de fa et tous les rythmes qu’elle connaît partout sur ses partitions !). Faire ses réalisations de basse continue : Allez, on ouvre son beau cahier de portées ou son ordinateur et on écrit sa règle de l’octave (spéciale dédicace à l’inspirateur de l’article ;-) ), la réalisation du morceau en cours (avec différentes possibilités), ce sera toujours ça de gagné ! Analyser son morceau Toujours grâce à l’écoute intérieure, « scanner » le morceau pour en dégager la structure, entourer les moments clefs (modulations, surprises, nouvelles idées), en définir le ou les caractères, noter les articulations, les respirations, le rubato etc. Voilà, ce ne sont que quelques idées, il y en a sûrement plein d’autres! Peut-être que grâce à celles-ci, où qu'ils aient été, quoiqu'ils aient fait, mes élèves arriveront toujours au retour de vacances en disant " Tu vas être contente, Hélène, j'ai bien travaillé..."? Je sais ce que vous pensez, mais comme dirait Christiane Singer : « Quelqu’un qui ne laisse pas la réalité déranger ses rêves est un sage. » Na. Me voilà de retour sur ce blog. Je suis rentrée de ma tournée il y a un bon mois maintenant. C'était une expérience que je n'oublierai pas de sitôt : un beau spectacle, une équipe jeune, dynamique et talentueuse avec qui j'ai eu plaisir à travailler, une musique que j'adore... Pour vous donner une idée, voici quelques photos. Le retour à la vie "normale" est, vous vous en doutez, un peu dur au début, après avoir joué Monteverdi, mangé Monteverdi, dormi Monteverdi pendant deux mois.
On émerge doucement et on se dit chaque jour: mais où sont passées les décharges d'adrénaline des soirs de concert? Les balades le soir dans une ville inconnue? Les repas à soixante personnes? Les discussions multilingues? Les parties de cartes et les leçons d'origami pour occuper les longs voyages? Et surtout: mais que vont devenir les amitiés nouées? Vais-je revoir ces gens avec qui j'ai partagé tous ces moments? J'avoue, l'humeur était à la nostalgie ces dernières semaines, mais c'est comme les chagrins d'amour, ça passe avec le temps.... Et puis, j'ai mes élèves pour m'empêcher tomber dans le spleen, heureusement! J'en ai 27 cette année. 27 élèves, ce n'est pas rien, n'est-ce-pas?! Des petits, des ados, des adultes, des débutants, des pré-professionnels, des bavards, des timides, des créatifs, des cérébraux, des touche-à-tout. des "exclusifs", des gros bosseurs, des dilettantes... Chacun avec ses envies, ses attentes, ses enthousiasmes, ses blocages parfois..... 27 élèves et moi, leur professeur, qui essaie de les guider dans leur petit bout de chemin et d'utiliser tout ce que je connais de la musique et de mon instrument pour tirer le maximum d'eux-même..... Petit bout de chemin, pas si sûr d'ailleurs, en tout cas, moi j'aimerais mieux qu'il soit long ce chemin! Que les enfants d'aujourd'hui soient les amateurs de demain, que dans 20 ans, 30 ans, ils jouent encore, et puissent dire à leurs enfants autre chose que "j'ai appris quand j'étais plus petit, mais j'ai tout oublié". C'est triste quand même, tous ces adultes qui ont "oublié". Et encore plus triste, ceux qui n'ont eu jamais eu la chance d'apprendre et qui regardent leurs enfants en se disant "pour moi c'est trop tard, mais eux, au moins, je leur aurai donné l'occasion d'essayer....". En plus, ces adultes, s'ils savaient qu'il n'est pas trop tard, que même à cinquante, soixante, soixante-dix ans, on peut encore s'y mettre! Les enjeux et les difficultés ne seront pas les mêmes, peut-être, mais c'est PΟSSIBLE, ce n'est pas parce qu'il y a un courant de jeunisme dans tous les secteurs actuellement en France qu'il faut penser le contraire! Οups, il ne faut pas que je m'emballe sur ce sujet (ce serait du radotage en plus, vu que j'ai consacré un article entier là-dessus), c'est d'autre chose que je voulais vous parler. Des élèves justement. Et du boulot d'un professeur de musique. C'est bien parfois de faire un bilan et de mettre sur papier le fruit de ses réflexions, cela clarifie les choses et puis vous qui vous me lisez, vous aurez peut-être un avis sur la question qui m'aidera à mener la réflexion plus loin.... Alors, attention, vous êtes prêts, je me lance.... Je pense que les objectifs principaux du professeur de musique devraient être les suivants: 1) faire en sorte que ses élèves aient du plaisir à jouer ET du plaisir à apprendre. Cet objectif (sauf professeur naturellement sadique ou complètement blasé) fait consensus, on est d'accord, simplement ce serait bien que la discussion ne s'arrête pas là parce que c'est facile à dire et nettement moins facile à faire! 2) faire en sorte qu'ils se débrouillent sans lui. 3) leur faire utiliser leur potentiel créatif, leur imaginaire plutôt que leur apprendre à lire les indications d'une partition et les appliquer "bêtement". Comme dirait Cyrano, c'est un peu court, jeune homme, donc je développe. 1) L'apprentissage dans la douleur, ce n'est pas mon truc. Ça ne donne pas grand chose de toute façon, enfin si, une pelletée d'adultes qui ont "oublié", comme je disais plus haut. Qui aurait envie qu'une activité de loisir devienne une corvée, franchement? L'aspect ludique de l'apprentissage est donc essentiel. Le problème est de croire que que cela passe par l'éradication de la notion d'effort, notion devenue presque taboue, dont on parle rarement ou alors seulement par la négative. "Jouer sans effort", je laisse ce slogan aux publicitaires. Premièrement, c'est mensonger. Toute activité physique, toute activité mentale demande un effort, or il se trouve que la musique est une activité mentale ET physique, pas de bol! Deuxièmement, l'effort est à mon sens une (pas la seule hein) des conditions même du plaisir. C'est parce que l'on a surmonté un obstacle, parce que l'on a dû mobiliser ses facultés, ses ressources, que la réussite nous procure du plaisir.Parce qu'elle a un goût de victoire, et la plus belle qui soit, la victoire contre soi-même, contre ses propres limites. Une élève me disait ce matin "Je n''aime pas déchiffrer. je n'y arrive pas". On peut inverser cette phrase "Je n'arrive pas à déchiffrer donc je n'aime pas ça". D'accord, donc la question est : comment l'aider à surmonter cet obstacle? Je donnerai trois mots-clefs qui me semblent essentiels pour guider un professeur dans ses choix pédagogiques: INTERET- ENGAGEMENT- REUSSITE. Je m'explique.... - Il faut donner à élève une activité qui suscite son intérêt, qui corresponde à une des attentes qui l'ont amené à prendre cours. Cela signifie que le professeur connaît ces attentes pour avoir discuté avec l'élève ou pour avoir essayé plein de pistes différentes et observé les réactions de l'élève. Ludique disait-on. Donc exit les activités répétitives, mécaniques, rébarbatives. Faire ses gammes 10 minutes par jour rentre dans cette catégorie? Alors pourquoi ne pas inventer un morceau avec comme matériau musical ces fameuses gammes et le faire jouer puis transposer à l'élève? ou mieux lui faire inventer lui-même des morceaux sur ce principe? - Il faut aussi lui donner l'espace pour s'engager personnellement dans cette activité et s'exprimer à travers elle. Ne pas dire à l'élève tout ce qu'il doit faire, tout ce qu'il doit savoir et attendre que celui-ci applique à la lettre nos indications mais le laisser tester, choisir, s'opposer à nos idées (en argumentant), proposer. Etre acteur. - Enfin, il faut mettre l'élève en situation de réussir ce qu'on lui demande, avec notre aide ou par lui-même. Avec cette élève, je pense que prendre des pièces à quatre mains à déchiffrer avec moi en cours, avec une partie d'élève facile à lire mais intéressante pourrait l'intéresser et les résultats immédiats l'encourager. Lui donner des repères visuels sur la partition et le clavier (couleurs, post-it sur les touches) pourrait l'aider. Passer par un travail de création- petite composition qu'elle écrirait ensuite- aussi. Qui sait très bien écrire la musique a des chances de savoir mieux la lire.... Ce n'est donc, pour résumer et à mon humble avis, que parce que l'activité musicale aura réuni les quatre aspects dont j'ai parlé: effort-intérêt-engagement- réussite que le plaisir sera à la clef. Un plaisir qui récompensera l'élève de toutes les peines prises, du temps de travail grappillé entre le goûter et les devoirs ou le week-end quand le soleil dans la rue nous dit "tu vas pas rester enfermé avec ton instrument quand même?". Et lui donnera envie de continuer. Le professeur a donc une responsabilité très grande de par ses choix. Et son travail va bien au-delà d'un travail de répétiteur- correcteur. Ce doit être un créateur de situations pédagogiques personnalisées. Il doit pour cela faire preuve d'observation, d'analyse, de sensibilité, d'empathie, de réflexion, d'intuition, de créativité et surtout, surtout, savoir S'ADAPTER. Οui, oui, vous pouvez sauter au cou de votre professeur si vous trouvez qu'il réunit toutes ces qualités, il le vaut bien. 2) C'est tentant pour un professeur de vouloir enfermer l'élève dans une dépendance vis-à-vis de lui, faire en sorte qu'il ne puisse pas se débrouiller seul. C'est gratifiant, on se sent utile, intelligent, on est "celui qui sait". C'est rassurant parce qu'on se dit que l'élève va devoir continuer les cours. Mais pourtant, la plus grande réussite d'un professeur à mes yeux, même si elle ne fait pas forcément du bien à l'égo, c'est quand l'élève arrive et nous dit "J'ai fait ça. Sans toi". "J'ai appris ce morceau tout seul". "Regarde ce que J'ai trouvé". Quand il y a un JE qui s'exprime et plus un TΟI ni même un NΟUS. Qu'est-ce qui se passe sinon quand les cours s'arrêtent pour X raisons? L'élève se retrouve tout bête et sauf grande volonté et persévérance de sa part ne peut pas acquérir l'autonomie qu'on lui a toujours refusée, trouver par lui-même ce qu'on lui donnait jadis sur un plateau. Alors il oublie les choses, s'énerve de les avoir oubliées, se lasse et abandonne. Et hop, encore un exprimera ses regrets au professeur de ses enfants. Nous, enseignants, sommes des guides, des aides, des passeurs. Notre rôle est d'ouvrir grand les portes du monde de la musique à ceux qui ont besoin de nous pour y rentrer (d'autres s'en passent bien!), et de les accompagner un temps dans leur exploration de ce monde avant de les quitter. Pas de les guider comme des aveugles en leur tenant la main et d'en faire des assistés ad vitam eternam. 3) Nous sommes dans un modèle d'éducation musicale où l'écrit a une place primordiale. Savoir lire la musique est LA condition absolue pour faire des études au Conservatoire, d'où les fameuses années de solfège (pardon, "formation musicale", solfège étant désormais également un mot tabou!!). Οn apprend la musique comme un code à déchiffrer, avec ses indications de mesure, de nuance, de tempo, de rythme, de notes, de tonalité, etc. etc. Et puis on apprend comment traduire ce code à l'instrument ou à la voix. Comment faire "forte" quand c'est marqué "forte" par exemple. Mais si on demande "c'est quoi forte?" à l'élève, on obtient quoi? La plupart du temps la réponse "c'est quand on doit jouer fort". "Bon, d'accord, mais c'est quoi fort pour toi?". Déjà, là, ce n'est pas le même ressenti pour tout le monde. C'est quoi un son fort pour vous? Le cri d'un bébé dans les transports en commun? Les ronflements de votre conjoint?Le bruit d'un rire, d' un ballon qui rebondit contre un mur, d'une voiture, d'une sirène de pompier, d'un marteau-piqueur? Et si en plus on demande "pourquoi ce passage doit être joué fort?", là c'est le blanc ou alors: "ben, parce que c'est marqué". Ah. Donc si j'efface cette nuance et que j'en mets une autre, la musique est la même, l'intention est la même et la seule chose que ça change, c'est le poids, la vitesse et l'énergie que tu vas mettre dans tes doigts? Si c'est ça toute la portée des nuances, c'est nul en fait. Je sais pas moi, quand je parle fort, c'est que je suis excitée par quelque chose, très contente ou désespérée ou encore très en colère ou que je viens de dire la même chose l'instant d'avant et qu'on ne m'a pas bien entendue alors je répète ou encore que ce que je dis est important pour moi. Je parle doucement quand j'ai envie qu'on fasse l'effort de m'écouter ou que j'ai un peu honte de ce que je dis et que j'aimerais bien qu'on ne m'entende pas, ou que je parle tendrement à quelqu'un, que j'ai un bébé à ne pas réveiller dans la pièce, que je suis fatiguée, que j'ai envie de garder mes émotions pour moi mais qu'elles débordent quand même.... C'est moi qui choisis comment je parle ou alors ce sont mes émotions qui prennent le dessus. Cela arrive qu'on me dise comment parler, mais alors il faut que je comprenne pourquoi et que j'adhère à cette autorité extérieure, parce que je pense que c'est la meilleure solution. Sinon, je refuse et je fais ce que Moi je veux. Alors, pourquoi en musique on laisse si souvent nos élèves appliquer "ce qui est écrit" sans réfléchir? Pourquoi on ne tente pas - parce que cela ne marche pas toujours! - de faire en sorte qu'ils s'approprient cet écrit, qu'ils le transforment en un discours qui soit le leur, pleinement réfléchi et investi de LEURS émotions, de LEUR imaginaire? Alors, oui, c'est très dur de faire cela avec les mots d'un autre ou la musique d'un autre, je sais bien... C'est pourquoi je pense qu'il est bon de faire créer par les élèves LEUR musique par des jeux d'invention, d'improvisation, d'écriture. De faire sortir d'eux toutes les idées qu'ils ont, de leur faire trouver comment traduire ces idées en sons, en rythmes, en hauteurs de notes, en nuances... Une fois ce travail fait, il sera sans doute plus facile pour eux de faire le chemin inverse et de trouver dans les partitions les idées des compositeurs. Idées supposées, bien sûr, parce qu'on ne saura jamais ce qu'ils avaient dans la tête, ces compositeurs, mais tant pis, c'est mieux que rien. Tout sauf des enchainements de notes sans investissement, tout sauf la platitude et l'indifférence, le "correctement fait" qui ennuie et l'élève et le professeur. Du vivant, quoi, zut alors! Nous sommes une nouvelle fois responsables de nos choix pédagogiques. Si nous ne laissons pas aux élèves la possibilité de s'exprimer mais que nous leur imposons une pensée, une manière de faire uniques, ne nous plaignons pas si l'élève ne nous donne rien en retour, si son jeu ne "dégage rien", s'il "n'est pas dedans" quand il joue. D'autant que nous savons, si nous sommes honnêtes avec nous-même et avec notre art, que nous ne détenons AUCUNE vérité. Nous avons nos convictions sur l'interprétation d'une oeuvre, d'un style mais ce n'est pas le seul chemin possible. Donc apportons nos connaissances, notre écoute, nos conseils mais pour le reste, taisons-nous et laissons faire. C'est là que cela devient intéressant. Bon, à propos de se taire, je crois que j'ai assez parlé pour aujourd'hui. 27 élèves je disais...27 situations. 27 personnalités. 27 parcours à ajuster. J'ai donc fort à faire mais, si vous voulez un secret, le plaisir de mes élèves, leurs réussites, leurs trouvailles, j'en prélève ma part et j'en tire mon énergie, une énergie 100% bio et renouvelable, tout à fait dans l'air du temps. Allez, bon week end et à bientôt pour un nouvel article! Petite nouvelle qui fait du bien pour commencer l'année :
Je viens d'être nommée professeur de clavecin à mi-temps au Conservatoire d'Abbeville. J'ai à charge de développer la classe, de renforcer le travail de musique de chambre en partenariat avec les autres classes d'instrument (pas de département de musique ancienne encore) et de promouvoir le clavecin -et la musique ancienne- dans la région. C'est un peu un retour aux sources puisque j'ai habité pendant 18 ans à Amiens. Pour autant, je ne quitte pas Lyon, où j'ai tout mon réseau. Alors, Dieu de la SNCF, sois clément avec moi, s'il te plait! Par l'intermédiaire de ce blog et lors mes cours, l'on m'a posé un certain nombre de questions sur la manière de travailler le clavecin, l'âge pour commencer etc. Sans prétendre à la "vérité", j'en fais ici une liste avec la réponse que je donnerais, cela peut servir:
- A quel âge commencer? Le clavecin n'est pas un instrument qui demande de la force musculaire (à condition, comme le dit François Couperin d'être harmonisé léger, c'est-à-dire avec un toucher pas trop dur). Donc il est possible de commencer dès 6-7 ans, et même, à partir de 4-5 ans pour un éveil musical. Il n'y a pas non plus d'âge limite, au contraire je trouve très bien de jouer d'un instrument à l'âge de la retraite et plus, cela permet d'entretenir mémoire, concentration, souplesse musculaire et coordination. - Combien de temps travailler et à quel fréquence? L'idéal est de fractionner le travail dans la semaine: il faut mieux faire 6 fois 1/4h ou 3 fois 1/2h que s'y mettre d'un coup pendant 1h30. Il faut aussi varier le type de travail: le travail de détail demande beaucoup de concentration, il est donc souhaitable de l'alterner avec des périodes où on joue vraiment "pour le plaisir". Tout comme il faut varier entre le travail technique ("chauffe" avant de jouer, petites progressions et exercices) et le travail des pièces. L'important est de travailler quand on en a envie et non par devoir (envers qui?), mais aussi quand l'esprit est disponible (pour les enfants, après un moment de décompression au retour de l'école, pour les adultes, éviter le moment où vous avez le repas des enfants à préparer ou un dossier difficile à boucler). Sachez également que si travailler régulièrement est très important pour la progression, un professeur inventif trouvera toujours quelque chose d'intéressant à faire si vous arrivez "les mains vides" (mais pas toutes les semaines ;-) ) -Faut-il commencer par une chauffe? Pas forcément, tout dépend des conditions dans lesquelles vous arrivez à l'instrument: si vous avez les mains froides en hiver ou que vous venez de travailler sur ordinateur ou à toute autre activité qui met de la tension dans les mains (jardinage par exemple), c'est bien de commencer par quelques minutes de chauffe, pour se remettre dans le bon toucher, chauffer et assouplir les doigts. A vous de voir comment faire: gammes, exercices, morceau lent et facile, prélude improvisé, "gym" des mains (les frotter, les masser) etc. - Synthé ou épinette? Je sais, l'éternelle question du budget! Dans un premier temps, pourquoi pas un synthé, oui. Dans l'idéal, couplé avec des séances de travail au conservatoire si vous y êtes inscrits, chez un ami claveciniste ou même chez votre professeur particulier si c'est possible pour lui. Mais très vite, il manquera l'élément essentiel pour acquérir un bon toucher à l'instrument: le bec à sentir, la corde qui vibre et qui résiste sous les doigts... Alors, quelques pistes: Location avec option d'achat? Deal avec le facteur pour régler en plusieurs fois? occasions de qualité moyenne sur ebay? - Il faut savoir le solfège pour commencer? Non. Il est possible d'apprendre la théorie et la lecture avec l'instrument. (Cela prend du temps, donc merci aux parents de ne pas comparer dès le début la progression entre un élève qui a 30 minutes pour tout faire et un élève qui a son cours d'instrument plus 1h de FM par semaine en conservatoire, ça, c'est dit). Une remarque quand même pour la lecture: certains élèves ont une très bonne oreille et de la mémoire et du coup ont tendance à se reposer dessus au lieu de lire. Ca marche pendant un temps et puis quand il faut se lancer seul devant une partition ou quand il y a besoin de reprendre un passage précis mains séparés ou de corriger une erreur de notes, aïe aïe aïe. Sans compter que mon but est que mes élèves puissent se débrouiller tout seuls, pas qu'il aient besoin ad vitam eternam que je leur dise quelle note jouer! Donc faites l'effort, lisez, chantez le nom des notes, prenez des repères dans le clavier, travaillez le rythme, cela vous sera utile très vite! Voilà, c'est tout pour aujourd'hui, si vous en avez d'autres, à vos claviers!
Depuis maintenant 7 ans, j'enseigne le clavecin à des élèves de profils très différents : enfants, adultes, débutants, ayant déjà pratiqué un autre instrument, etc...
C'est une expérience passionnante, c'est très gratifiant de voir ses élèves progresser, prendre confiance en eux et découvrir chaque semaine un peu plus de répertoire. Cela m'amène à me poser plus de questions sur ma propre manière de jouer et sur la technique de mon instrument. Car l'instinctif n'est pas pédagogique, un élève ne peut se contenter d'un "Euh, ben, je sais pas trop, essaie, tu verras bien". Je deviens plus attentive, plus exigeante avec moi-même, plus analytique. Essayant de ne pas enfermer mes élèves dans une interprétation, je dois explorer toutes les possibilités. Bref, je me forme en formant. Si vous avez envie d'apprendre le clavecin, je vous conseille de prendre un professeur. Etre autodidacte est possible, mais attention, les mauvaises habitudes sont dangereuses, elles aboutissent souvent à un son peu satisfaisant, une exécution approximative des ornements, sans compter des crispations musculaires dues à une mauvaise position de la main (lisez L'Art de toucher le clavecin, de François Couperin pour plus de détails). Il est toujours bon d'avoir quelqu'un pour vous rectifier et bien sûr vous stimuler! Nul besoin d'apprendre le piano avant de commencer le clavecin, au contraire (heureusement, car sinon Couperin,Scarlatti, Bach auraient été bien embêtés, eux qui ne l'ont pas connu!). Le piano demande plus de force musculaire et un engagement de tout le bras, ce qui n'est pas le cas du clavecin. Je connais des personnes qui font les deux, mais beaucoup ont arrêté l'un ou l'autre, à cause de la différence de technique. Où apprendre? -Dans les conservatoires et écoles de musique, dont voici la liste (empruntée au site Clavecin en France) http://annuaire_clavecin.pdf Certains établissements acceptent les adultes, mais pas tous, se renseigner. Les + : C'est la formule la plus abordable financièrement. Enseignement complet avec les autres disciplines du cursus (solfège, chorale, écriture....) Les - : Peu de flexibilité des horaires= difficile pour quelqu'un qui travaille. -En cours particuliers Attention aux annonces. Quelques informations: Un DEM n'est pas un diplôme d'enseignement, il sanctionne la fin des études en conservatoire (un DFE est le niveau en dessous, qui ne destine pas à la professionnalisation). Le prix moyen de l'heure est de 20 euros (30 pour quelqu'un d'expérience). Les + : horaires souples, suivi, possibilité d'avoir cours chez soi, pas de "programme scolaire" Le - : le prix Les méthodes de clavecin La redécouverte du clavecin est encore assez récente. Outre la facture, il a fallu réapprendre la technique de jeu. Alors qu'il y a quelques temps, l'on ne pouvait qu'utiliser que des méthodes de piano pour les exercices techniques et piocher dans les recueils de pièces, aujourd'hui il y a de plus en plus de méthodes spécifiques pour le clavecin, adaptées aux différents stades d'apprentissage. En voici quelques-unes: http://methodes.pdf Personnellement j'utilise principalement: -pour les exercices de doigts : La méthode rose et Hanon (ce sont des méthodes pour piano, je sélectionne donc les exercices qui sont aussi utiles au clavecin) ainsi que Manuale d'Isolde Algrhimm et l'Art de toucher le clavecin de François Couperin. - pour les morceaux, The Amsterdam Harpsichord Tutor de Kees Rosenhardt, Les Cahiers de clavecin de Laure Morabito et Aline Zylberajch et Apprendre à toucher le Clavecin de Richard Siegel. -pour la basse continue : la Méthode de Louise Bourmayan et celle de Martial Morand. |
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