Après deux semaines d'examens de folie, me voici de retour pour vous présenter un nouvel instrument : le hautbois.
Appartenant à la famille des bois, le hautbois est un instrument à anche double, de perce et de pavillon coniques.
Considérés comme les créateurs du hautbois baroque , les familles Hotteterre et Philidor - facteurs d'instruments, compositeurs, musiciens virtuoses, membres de la « Musique de la Chambre & de la Grande Écurie du Roy » - vont à partir de 1650 faire évoluer l'instrument. Contrairement aux chalémies de la renaissance, le hautbois baroque n'est plus tourné d'une seule pièce mais est divisé en trois parties (corps du haut, corps du bas et pavillon) emboitées les unes dans les autres. La perce est affinée, le pavillon est moins évasé et est doté d'une lèvre inférieure. Le trou des notes est ajusté. Une clé de do grave en forme de W (permettant l'alternance de la position des mains) et une autre de mi bémol sont ajoutées. Les « pirouettes » et « capsules » sont définitivement abandonnées, l'anche n'est plus enfoncée complètement dans la bouche mais est contrôlée par les lèvres du musicien pour exprimer toutes les finesses du son. En 1664, Jean-Baptiste Lully, surintendant de la Cour, écrit une marche pour ces nouveaux hautbois, les intègre à « La Grande Écurie du Roy » de Louis XIV, supprimant progressivement les pupitres des instruments plus anciens (cromornes, flûtes à bec…). Déclinés en plusieurs tailles, ils font également leur entrée dans la musique des mousquetaires et dès lors, avec les bassons, prennent leur essor dans l'Europe entière. Si les bandes de hautbois(surtout militaires) sont appréciées, l'instrument s'impose surtout dans l'orchestre symphonique naissant, accompagnant les fêtes, les opéras, les ballets de cour, les oratorios, les cantates. Le hautbois triomphe également comme soliste, en sonates, dans les concertos et en musique de chambre. En fait il y a toute une famille de hautbois.Outre le hautbois baroque, il y a:
Le hautbois d'amour, en LA, à la tierce mineure inférieure.
Son pavillon est piriforme (en forme de poire) et son anche est reliée au corps du haut par un tube conique et courbe appelé bocal. Utilisé en musique de chambre, musique concertante, orchestre symphonique, rarement en orchestre d'harmonie, le hautbois d'amour a une sonorité douce et envoûtante.
Le hautbois da caccia a été inventé par le facteur d'instrument à vent de Leipzig Johann Heinrich Eichentopf (1686-1769) pendant la première moitié du XVIIIe siècle.
C'est un hautbois courbé, gainé de cuir et de section octogonale. Il se termine par un pavillon métallique en maillechort et laiton martelés. Le hautbois da caccia produit un son profond, plus grave d'une quinte par rapport à un haubois ténor classique. Son timbre est doux, moelleux et mélancolique.
La musette est le piccolo de la famille des hautbois.
Au 13° siècle, la musette est décrite comme un petit chalumeau sans clef, de perce conique et à pavillon piriforme. Elle sera appelée hautbois pastoral au 17° siècle.
Le cor anglais est un instrument de musique à vent de la famille des bois, à anche double et de perce conique. C'est un hautbois, mais il est en fa, à la quinte juste inférieure (alto de la famille). Comme le hautbois d'amour, son pavillon est piriforme (en forme de poire) et son anche est reliée au corps du haut par un tube conique et courbe appelé « bocal ».
Le hautbois baryton est un instrument de musique à vent de la famille des bois, à anche double, de perce conique, de pavillon piriforme (en forme de poire) parfois dirigé vers le haut. Son bocal, tube conique reliant l'anche et le corps du haut, est en forme de S permettant un maintien vertical de l'instrument.
Long d'environ 1m20, deux fois plus grand que le hautbois, il sonne à l' octave inférieure et aurait donc dû s'appeler "hautbois ténor". L'erreur date du milieu du xixe siècle et se retrouve dans les catalogues du facteur Triébert. La confusion est amplifiée par l'appellation anglaise "bass oboe" (hautbois basse), instrument qui serait long d'environ 2m40 et sonnerait deux octaves en dessous du hautbois, comme le basson. Le véritable "baryton" de la famille des hautbois, une octave en dessous du cor anglais (alto) en fa, n'est pas fabriqué de nos jours.
Quelques idées d'écoute :
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Voyons maintenant le violon baroque:
L’anatomie du violon, tel qu’il apparaît aujourd’hui dans l’orchestre, est restée pratiquement inchangée depuis 1860 environ. Entre 1830 et 1860, la plupart des violons de " l’âge d’or de la lutherie ", (de 1670 à 1750) , ainsi qu’à peu près tous les grands instruments du dix-huitième siècle, furent reconstruits pour répondre aux besoins des compositeurs et des violonistes qui demandaient un volume sonore beaucoup plus grand et un registre aigu considérablement plus étendu. _ D’excellents luthiers comme Jean-Baptiste Vuillaume à Paris ou les Hill à Londres, démontèrent et reconstruisirent littéralement presque tous les violons anciens existants qui semblaient en valoir la peine. Vuillaume reconstruisit notamment les Stradivarius « Messie » et « Lady Blunt ». Il conserva les barres d’harmonie et les manches d’origine . Le manche original du « Lady Blunt » a été vendu en 1979 en même temps que l’instrument ; le « Messie » fut exposé, à côté de sa barre d’harmonie originale, à l’Ashmolean Muséum d’Oxford.
Les différences entre le violon original ou baroque et le violon moderne ressortent le plus clairement lorsque les deux instruments sont vus de profil :
On remarquera le manche très épais s’élargissant vers la caisse de l’instrumentbaroque ; cette forme lui donne sans doute un aspect « lourdaud », mais comme le violon reposait sur la clavicule du musicien sans mentonnière ni coussin, elle permettait de pratiquer le démanché avec une relative aisance et sans risquer de faire tomber l’instrument. Au contraire, les positions très élevées auxquelles fait appel la musique contemporaine exigent que le manche moderne ait une épaisseur uniforme sur presque toute la longueur pour que la main gauche puisse se déplacer en ligne droite sur la touche. Le manche donc, fut allongé, inséré dans la caisse et non plus fixé directement sur les éclisses supérieures, selon un angle plus aigu afin d’en faciliter la tenue, et doté d’une touche plus longue pour permettre aux notes appuyées, notes réelles et non plus harmoniques, d’atteindre le la6 (le la le plus aigu du piano). La longueur de la touche est à chaque époque celle que dicte l’amplitude du registre sonore de la musique du temps. Il y eut donc un passage progressif des tout premiers violons, avec leur manche placé dans le strict prolongement de la caisse et avec leur touche courte, aux violons « de transition » de la fin du dix-huitième siècle, dont la touche s’allonge et dont le manche se renverse légèrement, de 2 ou 3 degrés par rapport à l’horizontale, afin de mieux se prêter à l’exécution de la musique de la période classique, puis enfin au violon moderne dont le manche s’incline d’environ 7 à 8 degrés. La barre d’harmonie fut allongée et sa hauteur sous le chevalet augmentée, essentiellement pour supporter la pression plus forte exercée par les cordes modernes. Cette barre sert non seulement à soutenir la table sous le chevalet mais aussi à conduire sur toute la longueur de la caisse le son transmis par le chevalet. Ni la longueur ni la hauteur de la barre n’étaient normalisées : chaque luthier avait sa propre idée sur les dimensions optimales à lui donner. Les violons allemands, avec leur voûte accentuée, tendaient à avoir des barres plus petites dans toutes leurs dimensions que les instruments italiens. L’adoption de cordes plus fortement tendues obligea peu à peu les luthiers à utiliser une barre plus solide, si bien que les barres d’harmonie actuelles sont à peu près toutes de la même taille. Dans le violon baroque, l’absence de pente du manche et la forme en coin de la touche avaient pour corollaire une hauteur réduite du chevalet. Cette hauteur n’était pas standardisée car elle dépendait de l’épaississement de la touche et de la voussure de la table( hauteur de la voûte ). Les violons primitifs étaient en général très bombés. C’est de Stradivarius que date la tendance à construire des violonsà la table plus plate, qui fournissent un son plus large et plus plein, au détriment de la douceur qui caractérisait le son des instruments fortement galbés de luthiers tels que Nicolo Amati ou Jacob Steiner. Le chevalet fut placé un peu plus haut, et sa courbure, ainsi que celle de la touche furent accentuées, ce qui rendit plus difficile le jeu de trois notes à la fois, et obligea pour la première fois le violoniste à arpéger les accords de trois sons. Le diamètre de l’âme s’accrut également, ce qui donna non seulement plus de solidité à « l’estomac » du violon mais aussi plus de robustesse au son sur toute l’étendue du registre. Il reste au moins une âme d’origine, découverte dans un violon non modifié qui se trouve au Conservatoire de Paris. Elle était tombée et s’était fixée au tasseau inférieur du violon, dans une goutte de colle qui avait dû se ramollir. Son diamètre est de 4,5 mm. _ En La comparant à l’âme moderne qui fait 6,5 mm (au moins), c’est une pièce bien mince. Mais le jeu de cordes des premiers violons était tellement plus léger que celui des violons modernes que la caisse était parfaitement capable de supporter la tension qui lui était appliquée. Il faut préciser que tous ces changements subis par le violon entre 1670 et 1830, ainsi que la «transformation » des instruments baroques opérée essentiellement au 19° siècle, ne doivent pas être qualifiés « d’amélioration ». Le violon a été conçu et modifié pour répondre aux besoins de la musique de son temps. La musique des dix-septième et dix-huitième siècles était écrite pour des instruments dont les voix devaient se fondre parfaitement les unes avec les autres. La ponctuation de la musique baroque est beaucoup plus facile à rendre avec un instrument d’époque, et ses relations dynamiques deviennent automatiquement plus naturelles. Peut-être les deux types de violon, l’ancien et le nouveau, sont-ils réellement deux instruments différents qui, dans leur contexte, ne sont pas interchangeables. La manière de jouer du violon baroque est totalement différente de celle du violon classique :
SOURCES POUR LE JEU: ---> À Milan parut en 1645 "Il scolaro per imparar a suonare di violino" de Gasparo Zanetti. --->A Londres, "The Gentleman's Diversion, or the Violin explained" par John Lenton en 1698 et "L' Artedel Violino" par Francesco Geminiani, en 1751. --->A Paris, Marin Mersenne publie Harmonie Universelle en 1636. Puis en 1738 parait L'Ècole d'Orphée de Michel Corrette dans lequel il donne des instructions importantes pour l'interprétation d'époque des styles italien et français. L'Art de se perfectionner sur le violon est la suite de sa première œuvre. Enfin, Giuseppe Tartini publie en 1771 le "Traité des agréments de la musique". --->En Allemagne paraîtront en 1695 à Augsburg le manuel de Daniel Merck (1650-1713) "Compendium musicae instrumentalis Celicae: kurtzer Begriff welcher Gestalten die Instrumental-Music auf der Violin, Pratschen, Viola da Gamba und Bass gründlich und leicht zu erlernen seye" et soixante années plus tard la célèbre école de violon de Leopold Mozart. A noter également une œuvre parue en 1915, à Londres, du violoniste et luthier français Arnold Dolmetsch, "The Interpretation of the Music of the XVIIth and XVIIIth Century". C'est l'un des premiers manuels de la période postromantique cherchant à faire avancer l'interprétation de la musique baroque. Pour finir , voici plusieurs vidéos permettant d'écouter et de voir ces différences: - Hilary Hahn, Gavotte en rondeau de la 3e partita de J.S Bach sur violon moderne: http://www.youtube.com/watch?v=Gb3LAzCABsM -Rachel Podger, le même morceau mais sur violon baroque. http://www.youtube.com/watch?v=UMrQJShbIfk - Une vidéo que j'aime bien , où l'on peut voir la technique de jeu baroque. http://www.youtube.com/watch?v=BSLisbaLh-I
Bien que le gabarit d'un clavecin rende un envoi par la Poste quelque peu improbable, on nomme facteur l'artisan qui les construit, les restaure et les entretient.
Un beau métier, pas très connu, dont je voudrais parler ici. Tout d'abord un petit historique (résumé du Dictionnaire historique et pratique de la musique) C'est sous la forme faiseur que le nom de cette profession apparaît au moyen âge. A la toute fin du XVIème siècle, les faiseurs habitant Paris s'organisèrent en corporation et obtinrent de Henri IV des « lettres de création du métier de faiseur d'instruments de musique en maîtrise » (1599). La durée de l'apprentissage était fixée à six ans, après lesquels l'obligation de se faire recevoir maître par deux jurés comportait l'exécution du « chef-d'œuvre »; nul maître ne pouvait prendre à la fois plus d'un apprenti, ni ouvrir plus d'une boutique; le colportage était interdit; l'importation d'articles étrangers était soumise à la déclaration.Ces statuts, à peu près semblables à ceux des autres corporations d'arts et métiers, furent confirmés en 1679. On rappellera les noms des Ruckers, d'Anvers, facteur de clavecins aux XVIe et XVIIe s., et ceux des Cliquot, des Dallery, des Serassi, des Silbermann, des Callinet, des Isnard et des Cavaillé (orgues), des Blanchet, des Érard, des Broadwood, des Pleyel, des Ibach, des Steinway (pianos), des Cousineau, des Naderman (harpes), des Hotteterre, des Lot, des Triebert, des Sax (instruments à vent), etc. De nos jours, le terme faiseur est abandonné; on distingue le facteur qui s'est spécialisé dans la fabrication des orgues, des pianos, des harpes et des instruments à vent du luthier qui fabrique les instruments à cordes à manche, avec ou sans archet. C'est un travail artisanal de grande précision, qui demande une connaissance approfondie des matériaux utilisés (bois, métal, vernis), du montage des différents éléments de l'instrument (table d'harmonie, clavier, bouclettes de cordes,registres, sautereaux) en tenant compte des tensions et proportions.Le facteur procède aussi à l'harmonisation de l'instrument, qui vise à obtenir un toucher et un son réguliers et harmonieux. Enfin peut s'ajouter une éventuelle décoration (peinture de la table d'harmonie/du couvercle, dorures, rosace ouvragée, etc...), effectuée soit par l'artisan lui-même, soit par un artiste de métier. C'est donc un métier qui exige d'être "manuel", mais aussi d'être méthodique, méticuleux et d'avoir une bonne oreille. Un clavecin ne peut pas se fabriquer à la chaîne, trop d'éléments dépassent le cadre de compétence d'une machine. Cela demande du temps :un facteur de Seine-et Marne, Patrick Lesurtel, estimait dans une interview à 430-450 heures le temps de travail pour un instrument! D'où le prix, assez élevé des instruments (surtout après le passage à l'euro, n'est-ce-pas) : selon les finitions, entre 6000 et 12000 euros en moyenne pour 1 clavier ,de 15000 à 30000 pour 2 claviers. C'est un ordre d'idée, certains facteurs ont trouvé des moyens de baisser les coûts de fabrication et donc le prix des instruments et on trouve aussi des instruments d'occasion. Pour un débutant, une épinette suffit (1500-3000 euros à l'achat) et il est possible de passer par une location-vente. Voici un répertoire- non exhaustif- des facteurs de clavecins de France ( l'étranger n'étant cependant pas à négliger). http://www.clavecin-en-france.org/spip.php?article20 Et pour finir, voici une vidéo plutôt intéressante à ce sujet (et qui ne sera pas valide très longtemps, malheureusement) http://videos.arte.tv/fr/videos/facteur_de_clavecins-3725004.html
Les grands clavecins présentés dans l’article précédent sont ceux que vous verrez et entendrez le plus fréquemment en concert. Cependant, il existe d’autres instruments de la même famille :
L'épinette
L'épinette est le même instrument qu'un clavecin, mais ses cordes sont disposées en angle.
L'instrument s'est développé en même temps que le clavecin (l'instrument le plus ancien qu'on ait aujourd'hui conservé est même une épinette et non un clavecin). Son nom provient très simplement de la forme du plectre qui actionne les cordes, en pointe. On l’utilise souvent comme instrument de travail à la maison, car une épinette est abordable financièrement et n’est pas trop sonore pour le voisinage. Le virginal
Il a une forme rectangulaire ou polygonale, les cordes y sont parallèles au clavier - les plus graves étant les plus proches. Le clavier est situé à gauche du coffre.
Le muselaar
C’est un virginal dont le clavier est situé à droite. Les sautereaux y pincent les cordes en leur milieu, d'où une sonorité particulière.
L'ottavino
C'est une épinette rectangulaire ou triangulaire, de taille réduite et sonnant « à l'octave » grâce à ses cordes à moitié plus courtes.
Le clavicythérium
Cet instrument appelé aussi « clavecin vertical » a ses cordes disposées verticalement. Les sautereaux y sont donc placés à l'horizontale et un système de renvoi est nécessaire pour les relier au clavier. Cet instrument assez rare a pour avantages une place au sol réduite (contrepartie d'une hauteur importante) et un son très proche de l'interprète.
Le luth-clavecin
Il actionne des cordes en boyaux au lieu de métal.
La sonorité obtenue était au goût de l'époque, comme en témoigne la présence fréquente du jeu de luth sur les clavecins. Ce jeu, une fois actionné, ajoutait une bande de cuir sur la corde pour donner un timbre plus comparable aux cordes grattées. Néanmoins, l'instrument luth-clavecin est très rare et on n'en a conservé aucun modèle ancien. |
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