Qu’elle est parfois dure la vie d’artiste !
Jouer après des heures de voyage en train ou en avion. Jet-lag, retard stressant, fatigue accumulée. Nuits d’hôtel solitaires. Ville entre-aperçue, si ce n’est la gare ou l’aéroport. Froid d’une église où il faudra garder ses mitaines jusqu’à la dernière minute ou salle surchauffée. Accord de l’instrument qu’on aimerait fait dans le silence, et non dans le raclement des chaises des premiers arrivants. Acoustique aléatoire. Trac, mal de ventre, les mains qui tremblent. Sentiment qu’on risque gros à se mettre ainsi à nu. Quelque soit notre état physique et mental, assurer. Plaire. Emporter l’adhésion du public, qu’il soit enclin à l’enthousiasme ou blasé au possible. Concentration. Adrénaline qui redescend dans les applaudissements et nous met à plat. Et entre les concerts, travailler, monter le nouveau programme, répéter sans relâche… Bon, allez, avant que vous ne sortiez vos mouchoirs, je vais vous raconter mon concert de jeudi dernier, à Bologne. Déjà, rien que l’idée d’aller en Italie a été pour moi comme un rayon de soleil dans la tristesse automnale. C’est un pays que j’aime, et j’y ai une partie de mes racines. L’Italie, ca fleure bon la pasta, les glaces, les palais aux portes et aux façades décorées, les fontaines imposantes sur les places, les églises chargées de sculptures et de tableaux et la langue qui chante dans les rues. Clichés peut-être, mais beaux alors ! Bologne. Une petite ville, dont certains diront que ce n’est pas la plus jolie d’Italie, mais qui pourtant recèle des petits trésors à chaque coin de rue pavée. Bologne. La collection Tagliavini, dans le musée San Colombano. Plus de 80 instruments historiques : des clavecins, épinettes, orgues, pianofortes à ne plus savoir où donner de la tête. C’est ainsi que jeudi soir, en compagnie des trois autres lauréats du concours de novembre dernier, Elisabetta, Luca et Clément, j’ai joué sur une épinette fin XVIIe et deux clavecins italiens du XVIIe et XVIIIe siècles, à la personnalité forte. Mécanique très délicate, quelques surprises, quelques caprices, mais beaucoup de générosité. Et quel cadre (http://www.genusbononiae.it/index.php?pag=62 pour quelques photos)! Bonne ambiance entre musiciens, public chaleureux et attentif, organisateurs aux petits soins. Repas amical d’après-concert dans une trattoria puis visite nocturne de la ville en compagnie d’un étudiant passionné d’architecture et de manuscrits anciens. De ces concerts là, l’on part comme l’on sort d’un beau rêve : à regret. Alors oui, il y a du vrai dans le tableau sombre du début. C’est une des facettes du métier, que la fascination pour le statut de « l’Artiste » peut faire oublier. Mais ne voyons pas la moitié vide du verre : ce métier que j’ai choisi et que quelque soient les difficultés, j’essaierai de conserver, quels beaux moments il offre ! Que de souvenirs à conserver précieusement ! Alors aujourd’hui, malgré les doutes et la fatigue, je ne dis pas « Assez, je n’en peux plus », mais : « Encore! ».
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A proposParce que j'ai toujours aimé écrire. Et partager ma passion de la musique..... Categories
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