Helene Diot, claveciniste
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La Trauerode de J.S Bach

4/3/2011

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J'aimerais vous faire découvrir assez régulièrement des oeuvres qui méritent le coup d'oeil (ou plutôt d'oreille devrais-je dire).

Aujourd'hui , la Trauerode de Jean-Sébastien Bach

1) LE CONTEXTE

Lorsque Christiane Eberhardine, fille du margrave de Brandebourg-Bayreuth, mourut le 5 septembre 1727 à 57 ans, l'émotion fut grande parmi ses sujets qui se souvenaient qu'elle avait refusé de se convertir au catholicisme lorsque son époux Friedrich-August 1er de Saxe le fit pour accéder au trône de Pologne. Retirée à Pretzsch sur Elbe (petite ville point de départ de la Réforme luthérienne), elle vécut de 1697 à 1727 dans la fidélité au luthéranisme.

Leipzig, haut lieu de la Réforme, décréta un deuil de quatre mois. Hans Carl von Kirchbach, alors étudiant de 23 ans et membre de la société académique Deutsche Gesellschaft à l’Université de Leipzig, proposa de faire interpréter une ode funèbre (« Trauer-Ode ») lors de la cérémonie du 17 octobre en l’église Saint-Paul.

Kirchbach commanda la musique à Johann Sebastian Bach, Kantor de l'église Saint-Thomas, lésant au passage Johann Gottlieb Görner, organiste en charge de la musique à Saint-Paul, donc de la musique cérémonielle ; et le texte au doyen de laDeutsche Gesellschaft, Johann Christoph Gottsched (1700-1766).

La cantate fut écrite en deux semaines, terminée le 15 octobre 1727, et fut exécutée « à la manière italienne » (c'est-à-dire que l'on double la basse continue d'un clavecin) avec Bach au clavecin, des étudiants de l'université aux instruments et le Thomanerchor.


2) LA MUSIQUE

Création : Leipzig, vendredi 17 octobre 1727
Instrumentation :Deux flûtes traversières, deux flûtes à bec, deux hautbois, deux hautbois d’amour, deux violons, deux violes de gambe, deux luths, basse continue (dont un clavecin).
Voix : Chœur à quatre voix solistes (soprano, alto, ténor, basse)


L'oeuvre se divise en deux parties, chacune conclue par un choeur.
L'instrumentation (voir ci-dessus) est très raffinée, elle permet non seulement une certaine somptuosité dans les choeurs mais aussi de la délicatesse dans les parties solistes, à l'image de la Reine disparue.


La référence explicite à l'antique genre du tombeau, à la fois littéraire et musical, se retrouve  dans la musique, en particulier dans l'instrumentation : Bach, en plus des hautbois et des violons habituels, y utilise en effet deux luths et deux violes de gambe, pour lesquels les compositeurs du XVIIe siècle, notamment français, ont composé les plus beaux tombeaux, à la mémoire de notables, mais aussi de leurs collègues musiciens disparus. L'air d'alto n°5 les exploite magnifiquement ; ils jouent également à l'unisson la basse obstinée de l'air de ténor n°8. Bach utilise encore une paire de flûtes traversières, autres instruments français. Enfin, le premier chœur de la cantate donne un des rares exemples de notation, par Bach, des notes inégales françaises.

Johann Sebastian Bach a dû être particulièrement satisfait de son travail, puisqu'il le réutilisa (afin de le sauver de l'oubli auquel le condamnait son statut d'œuvre de circonstance) : - les deux chœurs (introduction et fin) dans la « Trauer-Musik » BWV 244a pour les funérailles du prince Leopold d’Anhalt-Cöthen - tous les chœurs et arias dans sa Passion selon saint Marc (selon l'hypothèse la plus probable, la partition ayant été perdue).
3) LE TEXTE1. Chœur
Laß, Fürstin, laß noch einen Strahl
Aus Salems Sterngewölben schießen.
Und sieh, mit wieviel Tränengüssen
Umringen wir dein Ehrenmal.

Daigne, princesse, daigne qu’encore un rayon
De la voûte étoilée de Salem s’abatte.
Et vois de quels flots de larmes
Nous entourons ton catafalque.


2. Récit (Soprano)
Dein Sachsen, dein bestürztes Meißen
Erstarrt bei deiner Königsgruft ;
Das Auge tränt, die Zunge ruft :
Mein Schmerz kann unbeschreiblich heißen !
Hier klagt August, und Prinz und Land,
Der Adel ächzt, der Bürger trauert,
Wie hat dich nicht das Volk bedauert,
Sobald es deinen Fall empfand !

Ta Saxe, ta Misnie consternée
Sont pétrifiées devant ton royal cercueil ;
L’œil pleure, la langue crie :
Ma douleur ne peut se décrire !
Ici se lamentent Auguste et le prince et le pays,
La noblesse gémit, les citoyens prennent le deuil,
Combien le peuple a-t-il eu pitié de toi,
Dès qu’il eut appris ta chute !


3. Aria (Soprano)
Verstummt, verstummt, ihr holden Saiten !
Kein Ton vermag der Länder Not
Bei ihrer teuren Mutter Tod,
O Schmerzenswort ! recht anzudeuten.

Taisez-vous, taisez-vous cordes suaves !
Aucune musique ne peut les maux du pays
A la mort de sa mère bien-aimée
Véritablement exprimer.

4. Récitatif (Alto)
Der Glocken bebendes Getön
Soll uns’rer trüben Seelen Schrecken
Durch ihr geschwung’nes Erze wecken
Und uns durch Mark und Adern gehn.
O, könnte nur dies bange Klingen,
Davon das Ohr uns täglich gellt,
Der ganzen Europäerwelt
Ein Zeugnis uns’res Jammers bringen !

Le tremblant tintement des cloches
Doit, dans nos âmes troublées, la peur
Par l’élan de l’airain éveiller
Et nous pénétrer à travers moelle et veines.
O, puissent seulement ces résonances apeurées
Dont retentissent tout le jour nos oreilles
A l’Europe entière
Porter témoignage de notre misère !


5. Aria (Alto)
Wie starb die Heldin so vergnügt !
Wie mutig hat ihr Geist gerungen,
Da sie des Todes Arm bezwungen,
Noch eh’ er ihre Brust besiegt.

Combien cette héroïne est morte contentée !
Combien courageusement a lutté son esprit,
Lorsqu’elle a maîtrisé le bras de la mort
Avant qu’il ne vainquît son souffle.


6. Récit (Ténor)
Ihr Leben ließ die Kunst zu sterben
In unverrückter Übung sehn ;
Unmöglich konnt es dann geschehn,
Sich vor dem Tode zu entfärben.
Ach selig ! wessen großer Geist
Sich über die Natur erhebet,
Vor Gruft und Särgen nicht erbebet,
Wenn ihn sein Schöpfer scheiden heißt.

Sa vie a montré l’art de mourir
De la plus sage manière ;
Il lui était donc impossible
De pâlir devant la mort.
Ah ! bénie soit celle dont l’esprit fort
S’élève au-dessus de la nature,
Devant le caveau et les cercueils ne tremble pas,
Quand son créateur lui ordonne de partir.

7. Chœur
An dir, du Vorbild großer Frauen,
An dir, erhab’ne Königin,
An dir, du Glaubenspflegerin,
War dieser Großmut Bild zu schauen. 

En toi, noble femme modèle,
En toi, reine illustre,
En toi, tutrice de la foi,
Devait se manifester cette image de la grandeur.


8. Aria (Ténor)
Der Ewigkeit saphirnes Haus
Zieht, Fürstin, deine heitern Blicke
Von unsrer Niedrigkeit zurücke
Und tilgt der Erden Denkbild aus.
Ein starker Glanz von hundert Sonnen,
Der unsern Tag zur Mitternacht
Und unsre Sonne finster macht,
Hat dein verklärtes Haupt umsponnen.

L’éternel palais de saphir
Détourne, princesse, ton serein regard
De notre médiocrité
Et extermine les chimères terrestres.
L’éclat fort de cent soleils,
A côté duquel nos journées à des nuits
Et notre soleil à l’obscurité ressemblent,
A auréolé ta tête de lumière.


9. Récitatif (Basse)
Was Wunder ist’s ? Du bist es wert,
Du Vorbild aller Königinnen !
Du mußtest allen Schmuck gewinnen,
Der deine Scheitel itzt verklärt.
Nun trägst du vor des Lammes Throne,
Anstatt des Purpurs Eitelkleid
Ein perlenreis Unschuldskleit
Und spottest der verlassnen Krone.
Soweit der volle Weichselstrand,
Der Niester und die Warthe fließet,
Soweit sich Elb’ und Muld’ ergießet,
Erhebt dich beides, Stadt und Land.
Dein Torgau geht im Trauerkleide,
Dein Pretzsch wird kraftlos, starr und matt ;
Denn da es dich verloren hat,
Verliert es einer Augen Weide.

En quoi est-ce un miracle ? Tu es digne de cela,
Toi, modèle de toutes les reines !
Tu méritais de gagner ces atours
Qui illuminent désormais ton visage.
Maintenant, tu portes devant le trône de l’agneau
Au lieu de la vanité de la pourpre
Un manteau d’innocence aussi pur qu’une perle
Et te moques de la couronne que tu as quittée.
Aussi loin que courent toutes les berges de la Vistule,
Aussi loin que coulent le Dniestr et la Warthe,
Aussi loin que se répandent l’Elbe et la Mulde,
Tous te célèbrent, villes et campagnes.
Ta cité de Torgau va portant le deuil,
Ta Pretzsch est sans force, engourdie et fatiguée ;
Car en te perdant
Elles ont perdu le régal de leurs yeux.


10. Chœur
Doch, Königin ! du stirbest nicht,
Man weiß, was man an dir besessen,

Die Nachwelt wird dich nicht vergessen,
Bis dieser Weltbau einst zerbricht.
Ihr, Dichter, schreibt ! wir sollen’s lesen :
Sie ist die Tugend Eigentum,
Der Untertanen Lust und Ruhm,
Der Königinnen Preis gewesen.

Pourtant, ô reine, tu ne meurs pas,
Nous savons ce que tu nous apportais ;
Le monde à venir ne t’oubliera pas,
Jusqu’à ce qu’un jour son édifice s’écroule.
Et vous, poètes, écrivez ! Voici ce que nous devons lire :
Elle est la propriété de la vertu,
La joie et la fierté de ses sujets,
La gloire des reines personnifiée.

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