Chers tous et toutes, Un petit post aujourd'hui pour vous parler de l'importance d'avoir un recul critique face aux éditions que vous utilisez, notamment les éditions de piano. En effet, nombre d'entre elles ne sont pas ce qu'on appelle Urtext, c'est-à-dire respectueuses du texte original. Entre ornements écrits en toutes notes, rajouts d'indications d'articulations, nuances, de tempi ou de caractère par l'éditeur (donc purement subjectives) et modifications des notes (changement d'altérations sur les pièces les plus anciennes, pour les faire coller absolument au concept de tonalité par exemple), les oeuvres pour clavecin en voient des vertes et des pas mûres. Et même avec l'Urtext, soit dit en passant, on n'est pas toujours à l'abri de choix d'éditeurs, interprétant telle tâche sur le manuscrit comme une note ou non, corrigeant à leur goût une erreur de copiste ou tout simplement faisant leur choix entre deux sources. Deux éditions Urtext peuvent donc différer. Quelques exemples : Les bergeries de Couperin : Il s'agit ici de l'édition de 1717 gravée par Francois Du Plessy. Une base de référence, néanmoins à la lecture la clef d'ut de main gauche n'est pas aisée pour ceux qui n'ont pas l'habitude. Edition Brahms (XIXe) : Très correcte, en clefs modernes. L'Oiseau-Lyre 1932: Une très bonne source pour la musique ancienne. Voir également les rééditions pour des mises à jour et correctifs. Et un beau contre-exemple : Edition Pierre Lafitte 1909. Edition de piano. Terrible à plusieurs niveau : les rajouts de nuances, d'articulations, le retrait des indications d'articulations du compositeur lui-même (comme les "sons coupés" à la Rameau, marqués par des petits traits verticaux au début du premier couplet) et bien sûr les ornements écrits en toutes notes!! Je sais bien que quand on ne sait pas réaliser les ornements, on peut être tentés de se tourner vers des réalisations écrites, mais non seulement cela complexifie horriblement la lecture et cela donne une façon uniforme et mécanique de faire les ornements, mais en plus ils se trompent, faisant par exemple les tremblements de la mesure 4 comme des mordants, par la note principale, alors qu'ils doivent être faits par la note supérieure. Je ne jette pas la pierre à ce M. Pierret, c'était à une certaine époque, mais vraiment, ouille! Chez J.S Bach Sinfonia en mi mineur Edition Busoni Moskow 1991 : On retrouve les mêmes défauts dans cette édition pour piano: articulations de l'éditeur, ornements notés, nuances qui ne sont pas de Bach, indications "andante espressivo" de l'éditeur. Toutes ces indications influenceront et contraindront l'interprétation, alors que Bach laisse beaucoup plus de liberté. Il faut mieux étudier le style, étudier les ornements, affirmer son goût et laisser s'exprimer sa personnalité de manière éclairée, plutôt que de suivre de tels "guides". Même Sinfonia par la Bach Gesellshaft. Beaucoup plus épurée et plus lisible. Je ne dis pas que toutes les éditions pour piano sont du même acabit que celles présentées ici. Mais souvent on y retrouve ces modifications, alors il faut être particulièrement vigilants et distinguer ce qui vient du compositeur et ce qui vient de l'éditeur .
Je ne saurais que trop vous recommander de comparer les éditions avant de choisir celle sur laquelle vous allez travailler. Grâce à des sites comme imslp.org, il. est même possible d'aller voir les manuscrits des compositeurs de manière à travailler à la source! Bon travail et à bientôt!
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